Léon BARILLOT reconnaissant

 Par Christophe CANIVET

Une routine hebdomadaire m’amène à surveiller tout ce qui se dit ou se publie sur mon homonyme Charles CANIVET, né à Valognes en 1839 et mort à son domicile parisien en 1911. Aussi, régulièrement, j’aperçois la mise en vente de livres qui lui ont appartenu ou de courriers qui lui furent adressés. Il y a quelques jours à peine, je retrouvais ainsi son exemplaire d’Un prêtre marié, revêtu de l’autographe à l’encre rouge de BARBEY d’AUREVILLY… Mais c’est un visiteur et non un natif de Saint-Sauveur-le-Vicomte qui retient ici mon attention : le peintre Léon BARILLOT, fraîchement revenu de la petite patrie du Connétable des lettres, a fait un détour par la rédaction du Soleil pour rencontrer Charles CANIVET et l’inviter à venir voir ses dernières productions.

Vente l’Art Délivré (Tours)

Léon BARILLOT est né à Montigny-lès-Metz en 1844, à la Grange-aux-Agneaux[1], ce qui ne s’invente pas pour un futur peintre animalier et paysagiste. Fils d’un industriel messin, il passe sa petite enfance à la campagne, chez son grand-père maternel[2], à Sommerécourt, en Haute-Marne, aux confins des Vosges, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Vittel et de Contrexéville[3]. Mais, appelé à prendre la succession de son père, propriétaire d’une fabrique de papiers peints, il doit rentrer à Metz pour poursuivre ses études.

En sus de ses cours au lycée, il fréquente l’école de dessin du sieur MIGETTE[4]. Puis, son baccalauréat en poche, il incorpore la fabrique paternelle pour y dessiner des modèles industriels[5]. Infatigable travailleur,  il se lève bien avant l’aube pour aller en ville avant de rejoindre l’atelier, prendre des croquis d’animaux sur le marché, et la journée finie, il suit les cours de l’artiste-peintre Christophe CATHELINAUX (1819-1883)[6]. C’est en tant qu’élève de celui-ci qu’il se présente pour la première fois au Salon[7] en 1869 avec un paysage et des fleurs[8]. Son père lui a accordé huit jours pour monter à Paris voir l’exposition… Confronté à ce qui s’est fait de mieux en France sur l’année écoulée, ses deux toiles de débutant sont reléguées loin du regard du public, dans une petite salle, tout en hauteur[9]… D’autres se seraient découragés… Bien au contraire ! BARILLOT s’installe à Paris, s’inscrit aux Beaux-Arts, devient l’élève de Charles Alexandre SUISSE (1813-1871) puis de Léon BONNAT (1833-1922) et se présente à nouveau au Salon en mai 1870[10].

Mais la guerre survient. Le jeune homme rentre à Metz défendre sa ville et sert en tant que caporal dans la Garde Nationale durant le siège[11]. La paix revenue, sa famille ne voulant pas rester annexée,  s’installe à Sommerécourt, chez le grand-père maternel.

Puis BARILLOT opte pour la nationalité française et rentre définitivement à Paris en 1872, dans son appartement de la rue du Regard[12], ce qui, nominalement, n’est pas si mal choisi pour un peintre qui doit avant tout être observateur… Mais, enfant élevé à la campagne et peintre de la nature, il ne peut se cantonner à son atelier parisien. Il va mettre en place une routine qui se perpétuera toute sa vie : dès que la saison des salons s’achève, il prend la route et voyage à travers la France, au-delà de Paris et de sa Lorraine natale où il ne manque pas de revenir. Ses premiers pas le portent en Normandie. Mais la Normandie, ce n’est pas forcément le Cotentin. En l’occurrence, il s’agit plutôt du Calvados –  Herbage à Beuzeval (Salon 1873), Marais de Cricqueville (Salon 1875), Au Pays d’Auge (Salon 1876, Lyon 1879[13]), La Ferme Louëdin, près Honfleur (Salon 1877)[14], Animaux dans les pâturages de Dives (Rouen 1880[15])… – voire la Seine-Maritime – Sur les falaises du Tréport[16], Vallée de Grinwald près Fécamp (Lyon 1872)[17], Environs de Neufchâtel-en-Bray (Lyon 1880)[18]

Ceci dit, dans un pays où l’horizon se limite encore généralement aux clochers voisins et surtout dans un pays traumatisé par la défaite de 1870-1871, conserver l’accent lorrain de ses racines[19] peut lui valoir quelque désagrément. Lors d’un voyage en Auvergne, on le prendra pour un espion prussien et il sera amené manu militari au commissariat d’Aurillac, encadré par deux gendarmes[20]

Tout au moins pour cette année 1872, à l’errance touristique se joint encore l’errance artistique. C’est toujours un peintre de paysage et de fleurs, un artiste en perpétuel apprentissage qui cherche encore son style. L’année 1873 va marquer pour lui un double tournant[21].

En premier lieu, BARILLOT emménage à l’adresse figurant sur la carte, au 16 de la rue de la Tour d’Auvergne. Il s’y fixera pendant trente ans. Tracée sur les anciens terrains de l’abbaye de Montmartre, cette rue du IXe arrondissement porte le nom d’une de ses dernières abbesses avant la Révolution, Louise-Émilie de LA TOUR D’AUVERGNE (1667-1737)[22]. Le quartier de Montmartre, en général, et cette rue, en particulier, ne manquent pas d’artistes. Or, sur ce point, le n° 16 se distingue tout particulièrement. Depuis 1843, c’est le siège du Théâtre des jeunes artistes (ou plus prosaïquement Théâtre de La Tour d’Auvergne), devenu école lyrique pour ses nombreux élèves et débutant(e)s en 1860[23]. Pas d’accès direct sur la rue ! Pour ce faire, il faut traverser un des deux estaminets qui donnent sur le pavé[24]. Mais cette petite salle se meurt. Lorsque BARILLOT s’installe, son directeur historique, Achille RICOURT, professeur de déclamation, condisciple de GÉRICAULT et de DELACROIX ainsi que fondateur de la revue L’Artiste, a déjà passé la main[25]. Le Théâtre des jeunes artistes finira par être livré à la pioche des démolisseurs en 1881[26]. Or, alors que les gens de théâtre s’apprêtent à partir, ce sont une poignée d’habitués du Salon, congénères et pour la plupart condisciples de BARILLOT, qui arrivent. Jules Frédéric BALLAVOINE (1842-1914) s’y installera en 1876. Voisins mais non concurrents, les deux hommes ne peignent pas les mêmes bêtes à poil et/ ou à cornes, BALLAVOINE étant spécialisé dans le nu féminin[27]… Comme les deux précédents, un troisième habitant du 16 rue La Tour d’Auvergne sortira auréolé de sa première médaille lors de l’édition 1880 du Salon. À peine plus vieux que ses deux voisins – il est né en 1841 –, Jules James ROUGERON, est revenu en France après être allé se perfectionner en Espagne, d’où les sujets hispanisant de ses toiles. Malheureusement, cet artiste plein d’avenir mourra quelques jours plus tard, le 14 juillet 1880. Bien plus jeune, Paul LANGLOIS (1858-1906) n’est encore qu’un débutant, élève de BONNAT. Aussi, s’il a également participé à cette édition 1880 du Salon, il n’y concourait pas pour la médaille. Dernier des habitués du Salon résidant au 16 rue La Tour d’Auvergne en cette année 1880 mais ayant fait l’impasse sur cette édition du Salon, Félix de VUILLEFROY-CASSINI (1841-1916) est lui aussi passé par SUISSE et BONNAT. En sus d’être lui aussi un peintre à vaches, c’est également un entomologiste reconnu[28].

Mais revenons en 1873. Pour cette édition, BARILLOT présente au Salon ses premières scènes animalières, Cour de ferme dans la Haute-Marne et Herbage à Beuzeval (Calvados). Vivement félicité par HENNER, il a trouvé sa voie ![29] Dorénavant, même si, tout au long de l’année, il peindra des paysages ou d’autres animaux (surtout des chiens), lors des Salon et autres expositions, il ne présentera quasiment plus que des vaches, des vaches et encore des vaches…

Il peint, mais pas seulement ; c’est aussi un aquafortiste (Graveur à l’eau-forte). Cette décennie 1870 marque le début de sa collaboration à de nombreuses revues, notamment L’Illustration nouvelle, L’Art, L’Artiste ou l’Album de CADART…

Néanmoins, il devra attendre la décennie suivante pour atteindre la consécration. BARILLOT sera médaillé aux Salons de 1880 et de 1884[30], à Londres, toujours en 1884, puis à Melbourne en 1888-1889. Il obtiendra une médaille d’or aux Expositions Universelles de Paris de 1889 et 1900 puis le Grand prix de celle de Lyon en 1895, année au cours de laquelle il est également promu chevalier de la Légion d’Honneur etc. Mais il serait trop long de retracer ici toute sa carrière qui s’étalera jusqu’à sa mort en 1929, surtout que la présente carte correspond plus que probablement à ces premiers succès.

Barillot par Cormon (1888)

De son côté, après une enfance normande, dans sa ville natale, Valognes, puis dans celle de son père, Caen, Charles CANIVET a rejoint la capitale où il est devenu une des plumes du Soleil, quotidien qui, jusqu’à l’Affaire Dreyfus, va être un des plus gros tirages de France. Pendant plus de trente ans, il y signera trois ou quatre chroniques d’actualité par semaine, sous son nom ou sous le pseudonyme Jean de Nivelle, ainsi que la chronique littéraire du dimanche. Il est même un temps le critique artistique du journal. Et si cela ne suffisait pas, il trouve en sus le loisir de publier poésies, nouvelles et romans, pour la plupart consacrés à son Cotentin natal où il revient chaque été.

Reste à savoir de quand datent ces quelques mots tracés à la hâte, Charles CANIVET étant absent lorsque Léon BABILLOT se présente à la rédaction du Soleil :

Vente l’Art Délivré (Tours)

« Avec mes cordiales salutations je vous envoie mes vifs remerciements pour le bel article que vous me consacrez dans le Soleil.

Je serais très heureux de vous remercier de vive voix si un jour vos occupations vous permettaient de pousser une pointe jusqu’à mon atelier[31] et de voir mon salon et les études que j’ai rapportées de mon séjour à St-Sauveur-le-Vicomte

signé BARILLOT

à Ch. Canivet, journaliste, au Soleil »

Les deux artistes ont la même fibre. L’un avec ses mots, l’autre avec ses pinceaux, ils souhaitent rendre compte le plus exactement possible des paysages et des scènes du quotidien qui les entourent. Ainsi, lorsque Charles CANIVET écrit ses romans, il réutilise les paysages visités lors de ses articles de vacances ou ses souvenirs d’enfance. De même, comme nous venons de l’entr’apercevoir, BARILLOT va profiter de ses villégiatures pour emmagasiner suffisamment de matériau dans ses carnets de croquis et, pendant les mois, les années suivantes – mais combien ? – ces carnets vont alimenter ses nouvelles toiles…

La carte de BARILLOT n’est pas datée et ne dit pas non plus quand l’article évoqué a été publié. L’adresse de l’artiste ne nous aide guère non plus : BARILLOT y a habité jusqu’en 1902 ou 1903[32]. Mais on peut déjà réduire le champ de recherche en considérant que Charles CANIVET n’a tenu la critique artistique du Soleil que pendant quelques années. Au final, le critère le plus précis de cette carte est la référence à Saint-Sauveur-le-Vicomte.

Assurément, BARILLOT a peint la petite patrie de BARBEY D’AUREVILLY. Plusieurs de ses toiles portent le nom de la commune, d’un de ses hameaux ou de ses environs immédiats. Il en est ainsi de Au haut de la lande de Saint-Sauveur-le-Vicomte[33] exposée au Salon de 1885, plus explicite que L’Automne, présentée dans le même temps[34]. Deux ans plus tard, lors de l’exposition de Tourcoing (septembre-octobre 1887)[35], il présente son Hameau de Selsouef[36] et Sur la lande de Saint Sauveur-le-Vicomte[37], probablement la même que ci-dessus avec un titre légèrement modifié, ce qui est d’autant plus probable qu’on la retrouve sous son titre original l’année suivante lors de l’Exposition Universelle de Barcelone, en même temps que d’anonymes Vaches normandes au repos[38]. S’y ajoute Plateau de Saint-Sauveur-le-Vicomte. présentée à Lyon en 1888[39]. Et, quoique tardive, Le taureau de Maître Truffaut, de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Rouen 1891[40]) est probablement tirée du même carnet de croquis. Enfin, juste au-delà des limites communales, BARILLOT a également peint Sur la lande de Rauville-la-Place (Rouen 1886[41], Lyon 1888[42]).

Comme ces cas le démontrent, la présence d’une œuvre dans un catalogue établit seulement quand elle a été présentée au public mais pas quand elle a été peinte et encore moins quand l’artiste a visité le site représenté. Il peut s’agir d’un croquis négligé pendant plusieurs années, d’une toile présentée lors de plusieurs expositions, parfois éloignées de plusieurs années elles aussi. Si une présentation au Salon est gage de nouveauté, celle dans une exposition régionale ou internationale est au contraire signe d’ancienneté voire de déjà vu. Les petites expositions parisiennes sont encore plus difficiles à qualifier… Si elles sont elles aussi généralement gage de nouveauté – autrement dit, la prise de vue ne remonte qu’à la belle saison précédente – , ce n’est pas une obligation.

Mais, outre cette difficulté à situer une toile dans le temps, il est bien souvent encore plus mal aisé de la localiser dans l’espace. Les titres des œuvres de BARILLOT sont souvent proches et, de plus, susceptibles de modification au gré des expositions et des traductions[43]. Surtout, nombreux sont les titres qui ne contiennent aucune indication géographique et les commentaires n’aident pas toujours. Ainsi, dans Toilette avant le marché, ne voit-on pas dépasser une coiffe normande ? Mais laquelle ?

Toilette avant le marché

Présentée à l’Exposition des Artistes animaliers français en avril 1882, en même temps qu’une autre toile dite normande, elle pourrait entrer dans le cadre de notre recherche…[44]

Bien sûr, on aurait pu espérer que le natif de Valognes insiste davantage sur ce horsain tombé amoureux de sa Normandie mais, à vrai dire, Charles CANIVET, ou plus exactement en l’espèce Jean de Nivelle, n’a jamais consacré d’article au seul BARILLOT. Il se contente de lui accorder quelques lignes dans des articles plus larges, consacrés à la visite du Salon ou d’une exposition parisienne. Il est parfois si laconique qu’on croirait qu’il se contente de reprendre le catalogue du Salon, éventuellement agrémenté d’une banalité puisque les sujets de BARILLOT sont forcément des vaches, toujours et encore des vaches. Et, vu le talent habituel de l’artiste, le critique sait par avance que les bovins seront excellemment peints, dans un paysage et une mise en scène parfaitement réaliste. C’est acquis d’avance, il n’a même pas besoin de vérifier.

L’exemple extrême du laconisme de Charles CANIVET envers BARILLOT provient de son commentaire du Salon 1884. Attention ! C’est bref ! « Deux Barillot fort bien réussis, la Barrière et le Préféré. » Et hop ! Le tour est joué ! On passe au suivant !… Sauf que, en l’occurrence, la première des deux toiles, tout au moins, aurait mérité plus amples détails. D’une part, c’est une des peintures qui seront primées à l’issue de cette édition du Salon. D’autre part, elle représente en arrière-plan un de ses sites préférés de Charles CANIVET, le Fort de la Hougue et sa Tour Vauban, de Saint-Vaast-la-Hougue, qu’il a maintes fois loué dans ses articles de vacances et à proximité duquel se situent plusieurs de ses romans et nouvelles, au point que ladite toile sera réutilisée pour illustrer un de ses recueils… On frôle l’imprévision si ce n’est l’ingratitude…

En un mot, le laïus de BARILLOT improvisé à la hâte sur sa carte doit être presque aussi long, voire plus long, que l’article qu’il vient remercier. Plus chaleureux, probablement aussi. Et, on n’ose imaginer l’effusion de remerciements dont il sera capable – à juste titre – à la lecture de la critique  de sa Ferme de Thoville[45], en 1899, par un autre auteur :

M. Barillot est un artiste de grand talent, non seulement par sa manière de peindre, mais encore par le choix de ses paysages. Il sait trouver du premier coup l’aspect curieux d’une ruine, le côté pittoresque d’un site quelconque ; son œil exercé a été séduit cette fois par la Ferme de Thoville avec ses toits ombragés de grands arbres et sa vieille tour convertie en pigeonnier.

Nous voyons avec lui la vaste cour entourée de bâtiments au milieu de laquelle se développent les divers incidents de la vie rustique. Voici d’abord la mare où les vaches viennent boire, sous la conduite d’une petite paysanne ; puis, vers la gauche, une charrette pleine de foin que le fermier s’occupe à décharger.

Tout est remarquable dans cette toile depuis le « faire » de l’eau reflétant le ciel bleu jusqu’à l’anatomie parfaite des animaux. Il y a au premier plan une belle vache brune et blanche extraordinaire de vérité !

Nous reverrons aussi avec plaisir Le Ruisselet exposé cet hiver au Cercle Volney. Au delà du pré fleuri où paissent deux vaches rousses, on aperçoit, perdu dans les grands arbres, un coin du château de Carteret que Barbey d’Aurevilly a décrit dans la Vieille Maîtresse[46].

La ferme de Thoville (Salon 1899)

La Lorraine artiste 01/07/1899

Au passage, remarquons que BARILLOT peut être amené à utiliser plusieurs fois le même cadre.

The barnyard (La Basse-cour)
vendue à Chicago en 2012 – O’Hara’s Gallery (p.40)

Charles CANIVET n’est jamais aussi prolixe sur BARILLOT. Pourtant, au cours de ces années 1880, les deux hommes ont eu maintes fois l’occasion de se croiser, tant à Paris qu’en Normandie, apparemment sans se connaître ni se reconnaître[47]

Si on se fonde sur les titres des œuvres et la date des expositions, BARILLOT effectue un premier séjour à la pointe nord du Cotentin en 1881, d’où des Bœufs rassemblés par l’orage (Cercle artistique de la rue Volney 1882, qui est peut-être aussi son Coup de vent sur les bords de la Manche du Salon 1883) et le Marché de Quettehou (Salon 1882). CANIVET est lui-même descendu à Saint-Vaast-la-Hougue cet été-là, à même pas trois kilomètres de Quettehou. Comme il l’a expliqué à maintes reprises, le Val-de-Saire est alors un lieu tout à fait pittoresque, au propre comme au figuré. On y vit encore au temps des diligences et de la marine à voile. Alors que Valognes et Cherbourg ne sont qu’à une vingtaine de kilomètres – et de là vous accédez au chemin de fer qui vous emmène en quelques heures à Paris –, on n’y trouve même pas un journal. Aussi, Saint-Vaast et sa voisine Barfleur n’ont pas cédé à la mode des bains de mer et les estivants y sont encore rares. En cet été 1881, ce serait pour lui un paradis permettant de se ressourcer au pays, loin de l’agitation parisienne, si la météo n’était pas aussi capricieuse voire franchement pourrie :

Voilà douze jours pleins, sauf quelques rares et courtes éclaircies, que le vent de Sud-Ouest souffle, roulant des nuages qui crèvent et nous inondent. À de certains moments, le vent prend de la force et les chasse mais aussitôt qu’il faiblit, en avant les parapluies ! (…) Il n’est pas de temps plus propice à la lecture que ces temps de bourrasque et de pluie continuelles. Joli mois d’août ! je m’en souviendrai longtemps, les peintres aussi ! Il y en a ici toute une colonie, presque tous Américains, échelonnés le long de la grève et dans les prairies environnantes, dès que le soleil daigne montrer le bout de son nez. Malheureusement, les éclaircies ne sont pas longues, et il faut, à tout instant, plier bagage. Je les vois de ma fenêtre, installés à mer basse, et piochant ferme[48].

BARILLOT était-il un de ces touristes maltraités par le climat normand que CANIVET observait bien à l’abri dans sa chambre d’hôtel ? En tout cas, l’hiver suivant, l’écrivain croira reconnaître le paysage brossé par le peintre, et il nous confirme d’ores et déjà que la scène du coup de vent était tout à fait crédible, de même que le ciel on ne peut plus chargé du Marché de Quettehou, vu la météo de ce mois d’août 1881 dans le Val-de-Saire.

Ce même séjour pourrait également être à l’origine de la Bicoque abandonnée à Saint-Vaast-la-Hougue (Amiens 1884)[49], des Pâturages normands (Pau 1883[50]), des Herbages sur les bords de la Manche (Rouen 1884) ou des Bœufs du Cotentin (Cercle de l’Union artistique 1883). Dans cette dernière, Charles CANIVET croit reconnaître en arrière-plan la grève de Saint-Vaast-la-Hougue, à marée basse. Assurément, nous ne sommes qu’à quelques pas de là dans la Barrière (Salon 1884) puisqu’on y identifie sans peine le Fort de la Hougue (Saint-Vaast) au second plan. En revanche, les autres œuvres de cette période ne donnent aucune indication sur leur origine géographique, si ce n’est que les vaches sont généralement de race normande. Elles pourraient donc être issues du même voyage ou de séjours postérieurs dans le nord du département de la Manche en 1882 et/ou 1883.

Viennent ensuite la ou les toiles citant Saint-Sauveur et Selsoif. BARILLOT dit lui-même qu’il y a séjourné. C’était probablement en 1884 puisqu’il expose Sur la lande de Saint-Sauveur-le-Vicomte au Salon de 1885, Selsoif n’ayant les faveurs d’une exposition régionale qu’en 1887, Plateau de Saint-Sauveur-le-Vicomte en 1888. Et il doit y avoir bien d’autres études réalisées autour de Saint-Sauveur si on en croit son carton. Or les titres des œuvres exposées dans les deux ou trois années suivantes, jusqu’aux Bords de rivière dans le Cotentin (Cercle de l’Union artistique 1886), Matinée d’été dans le Cotentin (Salon 1886) et autre Taureau du Cotentin (Salon 1887)ne permettent pas de les localiser précisément[51] et donc de dire si BARILLOT est revenu pour ce faire dans un autre point de la presqu’île. C’est fortement probable mais ce n’est pas certain. Le Bac des héritiers (Salon 1887) pourrait sembler plus explicite mais Charles CANIVET lui-même ne sait où le chercher…

Ce seront les trois dernières œuvres de BARILLOT qu’il commentera. À l’avenir, la chronique artistique du Soleil passera à Alphonse de CALONNE. Que ce soit sous son propre nom ou en tant que Jean de Nivelle, Charles CANIVET ne semble même plus avoir évoqué Léon BARILLOT dans aucun de ses articles. La carte de visite ne peut donc pas être postérieure à 1887.

De son côté, BARILLOT passe alors du Cotentin à la Côte de Nacre[52] ou, pour reprendre les titres de ses œuvres, du Taureau du Cotentin, présenté au Salon 1887, au Port de Ouistreham[53] et à Matinée d’octobre à Luc-sur-mer[54], présentés au Salon 1888, ou Sur les bords du canal d’Ouistreham[55], vue au Salon Périgourdin au mois d’août suivant. Si on part du présupposé que les peintures qu’il expose au Salon ont presque toujours été croquées l’été précédent, alors qu’il aurait effectué plusieurs séjours consécutifs dans la Manche, et plus particulièrement dans la presqu’île du Cotentin de 1881 à 1886, il se tourne durablement vers le Calvados à compter de l’été 1887. La raison en est bien simple. Il lui est arrivé ce qui arrive à nombre de célibataires, désormais contraints de modifier leurs habitudes : il s’est marié, fin 1886[56].

Si ses beaux-parents résident habituellement à Paris, ils possèdent plusieurs villas à Langrune-sur-mer, notamment la Villa Héléna, où va naître Louise, l’enfant unique du jeune couple, le 12 septembre 1887[57]. C’est donc sans surprise que  deux œuvres « locales » seront présentées au Salon au printemps suivant. Langrune et Ouistreham étant distants d’une douzaine de kilomètres, il est probable que BARILLOT ait séjourné quelques temps dans chacune de ces deux communes, surtout que son épouse était sur le point puis venait d’accoucher.

C’est tout au moins le programme de l’année suivante. BARILLOT et sa femme vont passer une partie de l’été 1888 à Ouistreham. Ils s’y trouvent en tout cas le 5 septembre et doivent y rester jusqu’au 12, date à laquelle ils iront jusque chez la mère de Madame à « Luc-sur-mer »[58] pour une quinzaine de jours, avant de partir en Haute-Marne finir un tableau[59].

C’est une routine qui va se prolonger. Les intitulés de ses toiles en témoignent : l’été en Normandie (1890)[60], Un grain dans les dunes du Calvados (1890)[61], Vallée de la Seulles (1891)[62], Herbages près Courseulles[63], L’abreuvoir du moulin de Courseulles-sur-mer (1893)[64], Abreuvoir près du moulin de Courseulles-sur-Mer, matinée de septembre[65] Au bord de la Seulles, après-midi d’été[66], Environs de Courseulles-sur-mer, soleil couchant (1898), Bassin de radoub à Courseulles sur mer[67], Pâturage de Courseulles-sur-mer[68], Moulin sur Graye-sur-mer[69], le Canal de l’Orne à Ouistreham[70], Bœufs au repos sur les bords de l’Orne[71], Bords de rivière normande (1897)[72], Marais dans le Calvados[73], Herbages du Calvados pendant l’été[74], Mer calme[75] etc.

En 1911 encore, BARILLOT séjourne à la Villa Mireille, à Ouistreham, lorsqu’un reporter lui rend visite. C’est une maisonnette à perron, aux pièces étroites, aux murailles nues, un lieu où on ne vit qu’en passant, avec un jardinet à kiosque et de mignonnes allées ceinturées de fleurs… Quand la mélodie du piano n’est pas interrompue par un visiteur, l’artiste enfourche sa bicyclette[76] et parcourt la campagne à la recherche de ses modèles accoutumés.

S’il vient là chaque été et y demeure jusqu’au commencement de l’hiver[77], BARILLOT se permet toutefois de temps à autres un séjour dans un autre coin de France puisque au-delà de la période traitée par Charles CANIVET, on le voit revenir vers sa Lorraine natale ou vers le Cotentin[78], on le découvre dans la Baie du Mont-Saint-Michel[79], le Marais poitevin, en Saintonge…

Pour Charles CANIVET, cet été 1911 sera justement le dernier. Il mourra en novembre, à son domicile parisien, loin du Cotentin de son enfance.

Les deux hommes ne s’étaient pas perdus de vue ou plus exactement ils avaient enfin pu se rencontrer. En 1891, Léon BARILLOT avait été un des illustrateurs des Contes du vieux pilote, recueil de nouvelles signées par Charles CANIVET sous son nom de plume. Comme une évidence, l’eau-forte publiée reproduisait la Barrière, présentée au Salon en 1884, le Fort de la Hougue ayant servi de toile de fond tant pour la peinture de l’un que pour la série de nouvelles de l’autre. Et, comme bien on pense, les héroïnes de cette scène étaient encore et toujours des vaches…

Déjà le bétail se réveillait (p. 121)
Eau-forte réalisée par BARILLOT d’après sa toile La Barrière[80]

Französische Küstenlandschaft (Paysage côtier français)
Huile sur bois

ARTICLES DE CHARLES CANIVET CITANT BARILLOT

Passage de l’article du 14 février 1882 citant BARILLOT[81]

(Cercle artistique de la rue Volney 1882)[82]

Enfin, des Bœufs rassemblés par l’orage, de M. Barillot, peints avec une grande habileté, dans un paysage normand que je crois reconnaître.

Passage de l’article du 15 mars 1882 citant BARILLOT[83]

(Cercle des Arts libéraux – rue Vivienne 1882)[84]

M. Barillot se retrouve ici avec deux toiles : Une Bergère bressane qui travaille en gardant deux vaches, le long des chemins, et un Crépuscule auquel il ne manquerait pas grand chose pour être charmant. Ce n’est pas tout à fait le crépuscule, d’ailleurs, puisque la pleine lune est déjà bien au-dessus de l’horizon ; mais plutôt la première heure nocturne qui suit un beau jour et où Phébé, l’indiscrète, monte au zénith, comme une curieuse, en éclairant, de sa lumière douce, les eaux où elle se reflète et les coteaux qu’elle accuse. Ce n’est peut-être pas tout à fait cela, surtout comme détails, mais je ne me défends pas de l’impression générale qui traduit bien ce que nous ne pouvons faire en fiançais, le per amica silentia lunae du poète.

Passage de l’article du 15 mai 1882 citant BARILLOT[85]

(Salon 1882)[86]

Le Marché de Quettehou, de M. Barillot, n’est pas très animé. Deux ou trois bœufs et deux ou trois paysans, dont une paysanne avec la coiffure normande traditionnelle, qui est tout un monument, et voilà tout. Si les bœufs n’étaient si bien peints, je ferais une querelle à M. Barillot qui n’a que très faiblement rendu l’animation d’un marché normand, en peignant, avec beaucoup de talent, un groupe de bêtes et de gens, qui ont le grand tort de sembler poser devant lui.

Le marché de Quettehou
reproduction parue dans le Paris-Salon (1882)

Passage de l’article du 14 février 1883 citant BARILLOT[87]

(Cercle de l’Union artistique 1883)

Les Bœufs du Cotentin, de M. Léon Barillot, sont de vrais bœufs, ce qui est rare en peinture. Accroupis dans les gras pâturages, ils ruminent paisiblement, à demi enfouis dans les herbes avec ce calme bizarre du bétail repu qui a presque quelque chose d’inquiétant. On y pourra critiquer ou ceci ou cela, mais c’est pris sur nature et dans la région même où l’herbe tondue par le bétail repousse, dit-on, dans la nuit. Les peintres d’animaux se font rares et M. Barillot tient une des premières places parmi ceux qui restent. On dirait que ses bœufs avalent l’odeur marine qui vient du fond du paysage, peut-être même de cette grève de Saint-Vaast-la-Hougue, à marée basse, si large dans les petites dimensions que lui a données M. M. Flameng (…)[88]

Passage de l’article du 5 mai 1883 citant BARILLOT[89]

(Salon 1883)[90]

Pour retrouver la vérité, il faut la chercher (…) dans ces deux compositions de M. Léon Barillot : Noiraud et sa mère[91] et Coup de vent sur les bords de la Manche[92]. M. Barillot est un maître dans l’art d’animer le bétail, de le faire marcher comme il marche, de lui donner les attitudes si curieuses qu’il faut prendre sur la fait, pour ainsi dire, et saisir au vol, après des observations et des études soutenues. Je trouve qu’il n’a jamais rien fait de mieux, de plus sincère et de plus vrai que ces bestiaux surpris par la tempête, qui se rassemblent comme à un appel, pendant que la bourrasque tord les branches flexibles des saules, fait des vagues sur la petite rivière, et que la mer au loin, se couvre d’écume et donne l’illusion du fracas[93]. C’est la vérité même[94] à côté de l’erreur d’un peintre de grand talent, M. Edmond Yon dont la Rafale est si bien ratée.

Noiraud et sa mère

(Catalogue illustré du Salon p. 64)

Coup de vent sur les bords de la Manche
Musée d’Orsay (non exposée)

Passage de l’article du 8 février 1884 citant BARILLOT[95]

(Cercle de l’Union artistique 1884)

Parmi les animaliers, qui sont aussi des paysagistes, je ne vois guère ici que M. Léon Barillot qui prend une des premières places, sinon la première. Cette Vache normande, dont la robe sombre se détache si bien sur le fond vert du paysage, est une chose absolument belle ; c’est la vie même transportée sur la toile. Elle marche, cette bête, on l’entend beugler, et l’on se demande ce qu’elle cherche, de ses grands yeux étonnés, pendant que ses flancs robustes semblent se gonfler sous sa respiration puissante. M. Barillot n’a rien fait, jusqu’à ce jour, de plus complètement réussi que cette reine des herbages normands, qui hume l’air, à travers ses naseaux dilatés.

Passage de l’article du 22 février 1884 citant BARILLOT[96]

(Cercle des Arts libéraux – rue Vivienne 1884)

M. Barillot, de plus en plus en vue, et ce n’est que justice, expose deux toiles charmantes : Soir d’été et Bonsoir voisin, celle-ci pleine d’humour, et aussi de cette couleur champêtre réelle, la vraie couleur, qui manque à tant de peintres habiles, et qui rappelle la manière de Troyon, sans que M. Barillot emprunte cependant au maître incontesté, autre chose que son merveilleux accent, de vérité.

Passage de l’article du 1er mai 1884 citant BARILLOT[97]

(Salon 1884)

Deux Barillot fort bien réussis, la Barrière[98] et le Préféré[99].

La Barrière
Carte – Musée de Rouen

Le Préféré
(carte postale du Musée de Morlaix)

Passage de l’article du 29 janvier 1885 citant BARILLOT[100]

(Cercle artistique de la rue Volney 1885)

M. Barillot représente presque à lui tout seul les animaliers, mais, comme toujours, il les représente supérieurement. Cette vache, accompagnée de son veau, est superbe et d’une allure imposante, dans un paysage largement traité et dans lequel passe le vent de la mer qui se brise tout au fond.

Passage de l’article du 4 février 1885 citant BARILLOT[101]

(Cercle de l’Union artistique – Place Vendôme 1885)

De même qu’au cercle de la rue Volney, les animaliers s’abstiennent ou à peu près, et je n’ai à signaler que le Bœuf à l’herbage, de M. Paul Vayson et la Matinée de septembre, de M. Barillot, du bétail dans la brume matinale, sur le bord d’une petite rivière au-dessus de laquelle le brouillard roule, tandis que l’horizon s’efface derrière une buée vaporeuse et humide qui semble se dissoudre peu à peu sous les rayons du soleil[102].

Passage de l’article du 29 mai 1885 citant BARILLOT[103]

(Salon 1885)

L’Automne de M. Barillot ne me séduit guère que par sa couleur un peu violacée; mais le bétail est, comme toujours, très vivant et irréprochable. Nous le retrouverons plus loin, avec une toile supérieure.

L’Automne (Catalogue Illustré du Salon p. 22)

Passage de l’article du 1er juin 1885 citant BARILLOT[104]

(Salon 1885)

M Barillot se retrouve ici. Cette vache, Au haut de la lande de Saint-Sauveur, est admirablement posée : on dirait d’une bête hiératique sur un immense piédestal. Et ce qui ne gâte rien, c’est que le vaste paysage, que la lande domine, est traité avec une grande harmonie. On n’en perd pas une ligne, si loin qu’il s’étende, dans les profondeurs de l’horizon.

Passage de l’article du 29 janvier 1886 citant BARILLOT[105]

(Cercle artistique de la rue Volney 1886)

L’Abreuvoir, de L. Barillot, est une des bonnes pages du jeune peintre qui excelle à rendre les attitudes du bétail, et la physionomie réelle des grands bœufs livrés à eux-mêmes, en plein herbage. Il y en a un là qui descend la pente pour gagner l’abreuvoir, et dont je recommande l’allure à tous les connaisseurs. Impossible d’être plus exact et plus vrai. C’est le naturel pris sur le fait et rendu d’une façon magistrale.

Passage de l’article du 2 février 1886 citant BARILLOT[106]

(Cercle de l’Union artistique – Place Vendôme 1886)[107]

Les Bords de rivière dans le Cotentin, de M. Barillot, sont de la même école précise et en même temps poétique ; ses bestiaux sont des plus vivants, dans un paysage charmant[108]. (…) la Gourmandise punie, de M. Barillot déjà nommé.

La critique du Salon de 1886, pour le Soleil, est pour l’occasion assurée par J. CARDANE. BARILLOT y présente Matinée d’été[109] et Soirée d’automne[110]. Puis Charles CANIVET reprend la main pour le seul Salon 1887.

Matinée d’été (dans le Cotentin)
Eau-forte de Charles de COURTRY reproduisant cette toile

Passage de l’article du 31 mai 1887 citant BARILLOT[111]

(Salon 1887)

Barillot, le peintre du bétail en liberté, a fait deux envois remarquables : le Bac des Héritiers et Bords de rivière au matin, celui-ci plein de poésie champêtre, ce qui n’exclut ni la vérité ni l’exactitude des bestiaux qui, le mufle en avant, longent la rivière et cherchent l’endroit propice où ils pourront se désaltérer. Barillot ne recherche point les bizarres effets de lumière et ne peint point des bœufs de fantaisie. Ceux qu’il représente, avec tant de supériorité et de progrès depuis quelques années, sont des animaux vivants, encadrés dans un paysage qui, pour être largement traité, n’en est pas moins plein de séduction et de charme.

Bords de rivière au matin
(Nancy Artiste 17/10/1887)

Passage de l’article du 3 juin 1887 citant BARILLOT[112]

(Salon 1887)[113]

Je retrouve ici Barillot, avec le Bac des Héritiers. Où cela est-il pris et dans quelle région sommes-nous ? Je l’ignore[114]. Mais quelle observation dans les attitudes de ce bétail qui descend à la rivière ! Quelle puissance brutale dans la musculature de ce superbe taureau, aux cornes courtes et à l’encolure épaisse qui tourne la tête, dans un mouvement d’un naturel parfait, vers les passagers du bac qui marche vers la rive !

Passage de l’article du 19 juin 1887 citant BARILLOT[115]

(Salon 1887)[116]

Si c’est pour la première fois que Barillot se livre à l’aquarelle, je lui en adresse tous mes compliments. Son Taureau du Cotentin est campé de main de maître, et tout aussi puissant que le taureau du Bac des Héritiers, dont je parlais il y a quelques jours. C’est la force et la vie mêmes, dans les dimensions les plus restreintes. Et n’est-ce point à des dimensions toujours restreintes qu’il faudrait réduire le bétail auquel on donne trop d’importance en l’exagérant.


[1]Pour l’état-civil, Pierre Léon BARILLOT est né le 11 octobre 1844, de Claude BARILLOT et Élisabeth CABLAN. Il aura une petite sœur, Léone, la future Mme BONVALET-BARILLOT (1853-1901), elle aussi artiste-peintre exposant au Salon, spécialisée dans les bouquets de fleurs.

      Pour l’historique de la Grange-aux-Agneaux : voir sur le site Montigny Autrefois

[2]Le Siècle 14/09/1911

[3]Sommerécourt ne comptait au dernier recensement que 81 habitants, mais ils n’étaient déjà pas 300 vers 1850.

      La petite histoire – du moins celle écrite par les frères GONCOURT, qui n’étaient autres que les petit-fils de l’intéressé (Journal – 22 juillet 1857) – veut que lors de la formation des départements, Sommerécourt fut rattachée à la Haute-Marne et non aux Vosges sur l’insistance du député du Tiers-état de Bar-le-Duc, Jean Antoine HUOT de GONCOURT, anobli de fraîche date qui en possédait le château.

      Vers 1850, quand le petit BARILLOT vint découvrir les joies de la campagne dans la commune, les frères GONCOURT avaient déjà hérité du château, leurs parents reposant déjà au cimetière de Montmartre. Mais parisiens par leur mère, ils n’ont pas l’air d’avoir souvent séjourné dans le château familial. Avec eux, s’éteignit leur lignée.

      À l’inverse, on remarquera les multiples œuvres haut-marnaises de BARILLOT, tout au long de sa carrière.

[4]Dictionnaire biographique de l’ancien département de la Moselle / Nérée Quépat (1887) p. 25

      Pour une présentation de MIGETTE, voir le Catalogue des tableaux et dessins exécutés par Aug. Migette et offerts par l’artiste à la ville de Metz (1882). Une petite eau-forte de BARILLOT figure dans ce catalogue.

[5]En 1867, il visite également l’Allemagne, en tant que placier.

[6]Peintre animalier, il présenta au Salon quelques vaches mais surtout des chiens. Ancien élève de DRÖLLING.

[7]Le Salon de peinture et de sculpture, ou plus simplement le Salon, est une manifestation artistique qui se tint annuellement à Paris à compter 1673. Placé sous le monopole de l’Académie royale de peinture et de sculpture (entre temps devenue Académie des beaux-arts) pour le choix des œuvres qui y figuraient, il représentait l’art officiel. En 1880, il fut renommé Salon des Artistes Français avant de voir disparaître le monopole de l’Académie et donc de disparaître lui-même officiellement.

      Le relais sera pris l’année suivante par la Société des Artistes Français, nouvellement constituée entre les artistes qui figuraient au Salon de 1880. Or, puisqu’ils avaient été sélectionnés sous l’ancien régime, c’est donc qu’ils étaient eux-mêmes plutôt partisans d’un certain conservatisme par rapport aux règles de l’art, conservatisme qui se retrouvera dans les éditions postérieures du Salon des Artistes Français sous sa nouvelle formule. Néanmoins, puisqu’il n’y avait plus de monopole, de multiples associations se créèrent pour organiser des expositions concurrentes, sans attendre une autorisation impériale, comme au temps du Salon des Refusés (1863).

[8]Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture, architecture et gravure des artistes vivans (1869) p. 16

[9]Pour mieux imaginer sa déconvenue, voir la toile Un coin du Salon en 1880 d’Édouard DANTAN. On imagine sans peine qu’un tableau de taille modeste, placé en trois ou quatrième rangée, échappait aux regards.

[10]Pour ces toutes premières années, voir L’Estafette 17/05/1880 & Le Siècle 14/09/1911

[11]Voir l’eau-forte – des cadavres de chevaux, étiques, réalisée à cette occasion (Bayonne, musée Bonnat-Helleu)

[12]C’était déjà son adresse pour le Salon 1870. En 1872, il y héberge un autre Messin, Léon SIMON, lui aussi élève de MIGETTE.

[13]Salons et expositions à Lyon, 1786-1918 / Dominique Dumas, Jacques Foucart, Gérard Bruyère (2007) p. 82

[14]L’Illustration nouvelle (1877) (CADART d’ap. BARILLOT)

      On peut ajouter Un Coin de la ferme Saint-Siméon à Honfleur également dans l’Illustration nouvelle (1877)

[15]Voir le catalogue de l’exposition

[16]Exposition de Pau (1880)

[17]Salons et expositions à Lyon, 1786-1918 / Dominique Dumas, Jacques Foucart, Gérard Bruyère (2007) p. 82

[18]Salons et expositions à Lyon, 1786-1918 / Dominique Dumas, Jacques Foucart, Gérard Bruyère (2007) p. 82

[19]Cet accent est encore noté dans Le Siècle 14/09/1911.

[20]Nos peintres dessinés par eux mèmes / Apollo Młochowski de Belina (1883) p. 85

      Charles CANIVET est d’ailleurs l’illustration de ce genre de préjugé. Dans ses articles, il a l’espionnite aiguë et n’a de cesse d’appeler à la revanche. Il est aussi auteur de poésies et de chansons patriotiques. Dans son roman La nièce de l’organiste, il affuble son personnage Hans Taubels, entre autres défauts, d’un fort accent tudesque et le fait copain comme cochons avec un Badois. Cet Alsacien de fiction est d’ailleurs probablement inspiré, au moins au physique, par  le vrai organiste que le romancier connut lors de son enfance valognaise, le Sarregueminois Jean-Nicolas-Louis LANG.

[21]Ajoutons que ce n’est qu’en 1873 qu’il apparaît dans le catalogue du Salon comme élève de BONNAT alors qu’il l’était déjà de fait.

[22]Le prénom de l’intéressée a été officiellement ajouté au nom de la rue en 2019.

[23]La Presse théâtrale 28/10/1860

[24]Le Musée secret de Paris / Charles Monselet p. 156 & Les petits mystères de l’école lyrique (2e éd.) / Félix Savard p. 6 & The Theater 01/04/1884 p. 180 &

      Voir aussi l’en-tête de cette lettre d’Achille RICOURT, concernant le quantième (certains auteurs, notamment la BNF, prétendant que le théâtre se situait au n° 22).

[25]Achille RICOURT est mort en 1875 (Le Siècle 09/02/1875). Lui ont succédé les dénommés BRIDAULT et TALBOT.

[26]Le Temps 19/04/1881

[27]Ceci dit, une anecdote maintes fois racontée veut que les modèles de BARILLOT n’étaient pas toujours les plus sages. Il lui arriva au moins une fois d’être pris à parti, malmené et encorné par un sujet indélicat qui n’avait cure de fréquenter les beaux salons. L’artiste ne dut son salut qu’à la présence d’un  ami, le docteur HUBERT, à localiser pour situer la scène (voir notamment Le Journal 10/05/1901, le seul à nommer le témoin et à citer expressément les propos de BARILLOT sur cette affaire, ce qui la crédibilise). Cette anecdote semble postérieure à d’autres, déjà contées dans Le Temps 30/05/1879, notamment celle de la vache amatrice de peinture et la légende du curé de G…

[28]L’Estafette 17/05/1880

[29]L’Estafette 17/05/1880

[30]Il passe ensuite hors concours et intègre le jury du Salon.

[31]Pour un aperçu de cet atelier, voir L’Estafette 17/05/1880.

[32]À compter du Salon 1903, il est domicilié au 29 bis, rue Demours, Paris, où il mourra vingt-six ans plus tard.

[33]Ce tableau se trouvait au musée de Pau en 1906 (Le Journal des arts 14/11/1906)

[34]Artistes français et étrangers au Salon de 1885 rangés et appréciés dans l’ordre alphabétique / Joseph Noulens (1885) p. 20 : « BARILLOT – Ce peintre est un animalier qui tient la corde parmi ses pareils et ses deux tableaux Au haut de la lande de Saint Sauveur le Vicomte et L’Automne ne peuvent que le raffermir dans son rang. Un bœuf crânement campé et en arrêt sur un promontoire qui domine le paysage, tourne vers l’horizon son regard éperdu ; la bête et le fond sont d un beau style. L’Automne, du même, représente la rentrée des bœufs à l’étable, un soir d automne, sous la conduite d’une pauvre vieille courbée sur son bâton. Jamais mieux, dans ce morceau tout à fait hors ligne, M. Barillot n’a observé la nature et subi son influence pénétrante et salutaire. »

[35]Selon le titre d’un ouvrage de Jules DUTHIL, c’est la première exposition organisée à Tourcoing (à l’hôtel-de-ville). En réalité, il s’agit déjà de la sixième exposition de la Société des amis des arts de Roubaix-Tourcoing (ou Société artistique de Tourcoing, selon les auteurs). Cette sixième édition vit le jour d’un journal local : le Roubaix-Artiste.

[36]Comprendre Selsoif, hameau de la commune de Saint-Sauveur. Éloigné du bourg, jadis situé au cœur d’une forêt défrichée au moyen-âge, ce village formait comme un île au milieu des marais, surtout en hiver. Fort de 600 habitants, il avait son église (sans jamais avoir été érigé en paroisse), son école et même sa légende (Aux origines du village de Selsoif / Julien DESHAYES – Clos du Cotentin).

      La graphie en Selsouef, plus proche du patois parlé localement, laisse bien penser à un nom entendu sur place plutôt que lu dans un livre.

[37]Journal de Roubaix 11/10/1887

[38]Catalogue officiel [de la] section française – Exposition Universelle de Barcelone (1888) p. 14

[39]Salons et expositions à Lyon, 1786-1918 / Dominique Dumas, Jacques Foucart, Gérard Bruyère (2007) p. 82

[40]Voir le catalogue de l’exposition

      Ledit TRUFFAUT est probablement le marchand de beurre Charles Nicolas TRUFFAUT ou un de ses frères.

[41]Voir le catalogue de l’exposition

[42]Salons et expositions à Lyon, 1786-1918 / Dominique Dumas, Jacques Foucart, Gérard Bruyère (2007) p. 82

[43]Par exemple, quel était le nom original, en français, de ce Cattle (littéralement bétail) prêté par Lawrence C. PHIPPS au City Park, le musée de Denver en 1900 ? (voir le catalogue de l’exposition) ?

[44]Artistes animaliers 1882 & Cercle artistique de la Seine 1885 & Roubaix-Tourcoing 1885 &… Salon 1920 ???

      À comparer avec ce portrait de vieille Normande du Val-de-Saire peint par Guillaume FOUACE à la même époque (Musée Thomas Henry de Cherbourg)

[45]Thoville est une des nombreuses fermes-manoirs du Cotentin. Elle est en l’occurrence située sur la commune des Moitiers d’Allonne, sur la côte ouest de la presqu’île, à côté de Barneville-Carteret, où Charles CANIVET a également régulièrement séjourné et aux alentours de laquelle il a fixé l’action de plusieurs de ses romans. La scène de la ferme du Dyke – comprendre la ferme-manoir du Dicq, aux confins de Portbail et de Besneville – dans Fils de pêcheur aurait d’ailleurs pu être couchée sur la toile par BARILLOT, le héros retrouvant sa bien-aimée devenue fille de ferme, au milieu des vaches, en pleine heure de la traite…

[46]Le Petit Moniteur universel 25/04/1899

      Outre au Salon 1899, La ferme de Thoville a été présentée à l’Exposition Universelle Paris 1900 puis au Salon bordelais 1903. Elle est reproduite dans La Lorraine artiste 01/07/1899.

[47]BARILLOT est décrit comme « un homme de taille moyenne, à la physionomie ouverte, intelligente, d’un commerce agréable, un véritable boute-en-train, un gai compagnon, un convive toujours spirituel, ce qui lui donne le droit de dédaigner l’esprit dans le tableau et de laisser à d’autres le soin de mettre des calembours en peinture. » (L’Estafette 17/05/1880). Moins austère donc que ne pourraient le laisser craindre ses œuvres.

[48]Le Soleil 24/08/1881

[49]La toile est vendue à l’issue du salon d’Amiens 1884 (Journal des Artistes 22/08/1884)

[50]La toile est vendue à l’issue de cette exposition (Journal des Artistes 06/04/1883).

[51]Citons encore Pâturages de la Manche (Lyon 1887-88), Égarés dans les dunes (Lyon 1889)

[52]Appelée Côte de Caen jusqu’en 1925, cette portion du littoral calvadosien est comprise entre les estuaires de la Seulles à l’ouest et de l’Orne à l’est. Elle formera les trois plages du secteur anglo-canadien le 6 juin 1944.

[53]Le port de Ouistreham (1888), au Musée Henri-Martin de Cahors.

      Salon 1888 (Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture, architecture et gravure des artistes vivans (1888) p. 11)

      En fait de port, il s’agit encore de vaches, celles-ci allant paisiblement le long du canal de Caen à la mer, avec quelques barques de pêcheurs esquissées au second plan.

      Placées quelques décennies plus tôt, ces vaches auraient pu appartenir au grand-père paternel de Charles CANIVET, qui exploita un temps une des fermes de la commune, non sans provoquer quelque émotion à la Chambre des députés. Mais c’est une autre histoire…

[54]Matinée d’octobre (1888) au Musée de Tatihou

      L’œuvre sera également présentée lors de l’Exposition Universelle de 1889 (voir le catalogue de l’Exposition)

[55]Les Salons Périgourdins de 1886 à 1888 / Bathylle p. 18 & Rouen 1888 & Bordeaux 1912

[56]Mariage civil le 15 novembre 1886 à la mairie du Xe arrondissement de Paris avec Hélène Alphonsine Félicité VILLEMENOT (AM Paris – état-civil ancien – Xe arrond. – M – 1886 – vue 7). Ses témoins sont son ancien maître, BONNAT, et le beau-père de sa sœur, Théodore BONVALET, ancien maire du IIIe arrondissement.

[57]Acte le 13 (AD 14 – Langrune-sur-mer – NMD 1856-1892 – vue 441).

      Si l’acte précise que la villa appartient à un dénommé LÉCUYER, il omet de dire qu’il s’agit en fait du père nourricier de Mme BARILLOT (d’où le fait que la villa porte le prénom qu’elle partage avec sa mère). De fait, son premier mari étant décédé avant même la naissance de sa fille, Françoise Victoire Hélène LASSENAY s’était remariée avec Paul Charles LÉCUYER alors que l’enfant n’avait pas encore un an. Voir AD 14 – Langrune-sur-mer – cadastre – matrice cadastrale des propriétés bâties 1881-1911 – vue 49. On remarquera que l’adresse de l’intéressé lors de la création de la fiche en 1881 (face à son nom) correspond à l’adresse d’Hélène VILLEMENOT lors de son mariage : rue de Bondy.

      Devenue Mme GAUVAIN-BARILLOT, Louise exposera elle aussi au Salon à compter de 1920.

[58]LÉCUYER ne figurant pas parmi les matrices cadastrales de Luc, il s’agit probablement d’un abus de langage. BARILLOT vise très certainement la Villa Héléna à Langrune. Mais comme les deux communes sont limitrophes, la villa se trouvant d’ailleurs sur la route reliant les deux bourgs et que Luc est plus peuplée, donc probablement plus connue de son interlocuteur, BARILLOT aura sans doute simplifié et dit Luc pour Langrune.

[59]Voir le courrier de BARILLOT au collectionneur Paul GALLIMARD (son ancien élève) en date du 5 septembre 1888

[60]Salon 1890 & Exposition de Béziers 1892

[61]Salon périgourdin (1890)

      Sont-ce les mêmes qu’on retrouve sous le titre Les dunes de Courseulles (Rétrospective 1930) ?

[62]Salon 1891 & Rouen 1896 & Philadelphie 1893

      Paris-Salon (1891) pp. 33-34 et illustration hors-texte

      Commentant cette œuvre non sans une pointe de chauvinisme, Louis ÉNAULT affirme que, d’une part, si BARILLOT était né en Lorraine, la Normandie avait sa préférence et que, d’autre part, il avait si bien fait la promotion des magnifiques animaux de la Manche et du Calvados qu’il mériterait sa statue sur la place d’un de nos marchés à bestiaux.

[63]Rouen 1891

[64]Cercle de l’Union artistique 1893 & Salon périgourdin (1896) & Carcassonne 1894 & Lyon 1894

[65]Rouen 1891 & Lyon 1896

[66]Rouen 1891

[67]Lyon 1893

[68]Fontainebleau 1893

[69]Exposition de Béziers 1892

[70]Monte-Carlo 1911 & Rétrospective 1930

[71]Rouen 1893

[72]Salon de Nancy 1897

[73]Salon 1920

[74]Toulouse 1895

      À la barrière sur les bords de la Manche, présentée lors de la même édition, fait inévitablement penser à l’autre Barrière.

[75]Fontainebleau 1893 & Lyon 1895

[76]En 1902, déjà, il postulait au Touring-Club (Le Journal de l’arrondissement de Valognes 23/05/1902).

[77]Le Siècle 14/09/1911

[78]La vache cotentine (Cercle de l’Union artistique 1893), Herbages du Cotentin (Salon 1898) que l’Estafette 10/04/1898 place sur les « hauteurs de Carteret », La ferme de Thoville (Salon 1899, Exposition Universelle Paris 1900, Salon bordelais 1903), Le Ruisselet ayant pour toile de fond le château de Carteret (Cercle Volney 1899, Salon 1899), Sur les hauteurs de Carteret (Salon 1900, ex-collection du Baron GÉRARD), La rivière de Quettehou (Salon 1901), Une cour de ferme dans le Cotentin (est-ce Thoville ? salon de Toulouse 1905), La Baie de Saint-Vaast-la-Hougue (Salon périgourdin 1907), Vieux manoir normand (exposition de Saint-Quentin 1910), Le chemin du prieuré à Saint-Vaast-la-Hougue (Monte-Carlo 1911), La grande marée à Saint-Vaast-la-Hougue (Rétrospective 1930), Un matin au Marais de Saint-Vaast-la-Hougue, Marais de Saint-Vaast-la-Hougue (Exposition Universelle de Saint-Louis 1904), Le moulin du Dic à Saint-Vaast-la-Hougue (Union artistique 1903), Bœuf à l’ombre (ferme de Graffard à Barneville-sur-mer) (Lyon 1903, ladite ferme servant aussi de décor à Courtebotte, un des romans de Charles CANIVET)

      Le Moulin de Sey (Lyon 1904) peut laisser penser qu’il est descendu jusqu’à Trelly mais il existe aussi un Moulin de Say en Champagne.

[79]Temps nuageux sur la falaise de St-Jean le Thomas, au musée Baron-Martin  de Gray (exposition de Toulouse 1898, donation antérieure à 1903, voir le catalogue du musée – 1993), La grève de St-Jean-le-Thomas (Salon périgourdin 1898), Les falaises de St-Jean-le-Thomas (Salon périgourdin 1907), Les falaises de St-Jean-le-Thomas, le soir (Salon périgourdin 1910), Marais inondés à St-Jean-le-Thomas (Rétrospective 1930).

      Il avait déjà visité la baie du Mont-Saint-Michel mais côté breton lors d’un de ses premiers voyages : Animaux au pâturage sur les falaises de Cancale & Vache cancalaise (Salon 1874)

[80]Voir infra

[81]Le Soleil 17/02/1882

[82]Dans le même article, il dit qu’il retrouve ensuite BARILLOT au Cercle de l’Union artistique mais ne précise pas pour quelle œuvre.

[83]Le Soleil 15/03/1882

[84]Même si ces toiles ne sont pas forcément elles-mêmes cotentines, elles peuvent être en lien avec le carton de BARILLOT puisque CANIVET vient d’évoquer, quelques lignes plus haut, une scène digne de l’Ensorcelée de BARBEY d’AUREVILLY, à propos d’un autre artiste.

[85]Le Soleil 15/05/1882

[86]N° 112 – salle n° 26 (Le Gaulois 30/04/1882 & Le Voltaire 30/04/1882)

      À comparer avec la description quelque peu chauvine qui en est faite par l’Isignais Louis ÉNAULT dans le Paris-Salon (1882) ou celles d’un horsain publiées dans le Dictionnaire Véron : Salon de 1882 p. 24 ou Le Constitutionnel 16/05/1882

      L’œuvre fut présentée l’année suivante à l’Exposition de Mulhouse qui inaugurait un nouveau bâtiment du musée municipal (10 mai), exposition au terme de laquelle le Marché de Quettehou fut acheté 3000 fr. par Édouard MIEG, qui en fit don au Musée de Mulhouse (Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse (1885) p. 425), où la toile se trouve toujours.

      Le Moniteur des Arts 03/08/1883 indique aussi l’achat d »un Bœuf au soleil au terme de la même Exposition de Mulhouse 1883.

[87]Le Soleil 14/02/1883

[88]Tout à ses compatriotes, Charles CANIVET oublie de parler du caniche Bob (Le Voltaire 08/02/1883)

[89]Le Soleil 05/05/1883

[90]Voir aussi Dictionnaire Véron (1883) p. 30

[91]Acheté par la municipalité de Carcassonne à l’issue du Salon (Courrier de l’art 24/05/1883 & Catalogue des tableaux & dessins exposés dans les galeries : Musée de Carcassonne (1894)), toujours au musée municipal en 1906 (Le Journal des arts 14/11/1906). Mais ne figure pas sur la base JOCONDE.

      Tout comme il y a eu Noiraud et sa mère, il y aura aussi Rouget et sa mère (Rouen 1888)

[92]Acheté par l’État initialement pour le musée de Bourges (Bulletin artistique de l’Est (1903) p. 68)

[93]À vrai dire, Charles CANIVET a peut-être déjà vu ce tableau un an plus tôt, en 1882, au Cercle artistique de la rue Volney (voir ci-dessus)

      L’année suivante, BARILLOT obtiendra une médaille d’or pour cette même toile, à l’issue de l’exposition de Crystal Palace à Londres (Le Soleil 02/07/1884)

[94]Dans le même ton, voir l’article de Louis ÉNAULT, le critique natif d’Isigny-sur-mer, dans son Paris-Salon (1883) p. 8 : « M. Barillot marche à la gloire sur un char traîné par des bœufs comme autrefois les rois mérovingiens (…) Depuis quelques années la Normandie l’attire : elle le prend et le garde, et s’il la quitte un jour, c’est pour y revenir le lendemain. Nos belles vaches cotentines n’ont pas d’adepte plus fervent (…) L’animalier chez M. Barillot se double aujourd’hui d un paysagiste en qui le sentiment de la nature se développe de jour en jour . (…) Ce n est pas lui qui placera jamais les petits échantillons du black cattle des Côtes du Nord, du Finistère ou du Morbihan dans les gras pâturages des environs de Carentan ou d Isigny, ou les grandes laitières de Saint-Côme et de Sainte-Marie dans les fonds maigres de Quimper, de Kériolet ou de Concarneau ! (…)

[95]Le Soleil 08/02/1884

[96]Le Soleil 22/02/1884

[97]Le Soleil 01/05/1884

[98]Comme déjà souligné, BARILLOT avait obtenu une médaille de 2e classe pour cette toile au Salon.

      Elle figure ensuite à l’exposition de Rouen en 1884, en même temps que les Herbages sur les bords de la Manche (voir le catalogue de l’exposition) avant d’incorporer le Musée des Beaux-Arts de Rouen.

      Outre l’eau-forte qui servira pour les Contes du vieux pilote, il existe une version peinte sur bois sur laquelle figure seulement la vache attachée à la barrière vendue sous le titre

[99]Musée de Morlaix en 1901

[100]Le Soleil 29/01/1885

[101]Le Soleil 04/02/1885

[102]S’agit-il d’Un matin de septembre dans la vallée de Durdent (vendu en 2011) ? Il s’agirait alors d’une vallée de la Côte d’Albâtre.

[103]Le Soleil 29/05/1885

[104]Le Soleil 01/06/1885

[105]Le Soleil 29/01/1886

[106]Le Soleil 02/02/1886

[107]Également exposée à Pau en 1888 (Journal des Artistes 04/03/1888). Ajoutons les Vergers normands en septembre, achetés par le comité d’organisation de cette même exposition pour sa loterie (Journal des Artistes 25/03/1888)

[108]Avant l’orage, présentée à l’exposition de Nancy de mai 1886, est également une scène de bord de rivière avec des vaches normandes (Nancy artiste 16/05/1886).

[109]La toile fut crevée lors de sa mise en place au Palais de l’industrie en mars précédent (Le Rappel 19/03/1887)

      Dans le même temps, BARILLOT aurait présenté une toile presque homonyme,  Matinée d’été sur les bords de la Douve, en mars à Pau (Journal des Artistes 07/03/1886 ou Matinée sur les bords de la Douve, en mai, à l’exposition d’Évreux (Moniteur des Arts 28/05/1886) et, en août, à celle de Périgueux (Catalogue du salon Périgourdin 1886).

      à Pau, en sus de la Matinée d’été, on pouvait voir un Soir d’été en Normandie.

[110]Le Temps 18/03/1886 précise Matinée d’été dans le Cotentin et Soirée d’automne en Lorraine (voir aussi L’Hôtel Drouot et la curiosité en 1885-1886 / Paul Eudel p. 213)

[111]Le Soleil 31/05/1887

[112]Le Soleil 03/06/1887

[113]L’œuvre sera également présentée lors de l’Exposition Universelle de 1889 (voir le catalogue de l’Exposition, précisant que la scène se déroule en Normandie). En 1907, elle est donnée à la Société industrielle de Mulhouse par Mmes GIRAUD-TEULON et Edm. KŒCHLIN, en souvenir de M. Charles KŒCHLIN (Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse (1907) p. 131)

[114]D’autres affirment que la toile se situe dans le Cotentin (La Gironde 22/02/1887)

[115]Le Soleil 19/06/1887

[116]Également présenté au Salon périgourdin 1888 (Les Salons Périgourdins de 1886 à 1888 / Bathylle p. 78)

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