Le ruisseau d’Escarboville … légende ou fiction ?

Toute la trame de la nouvelle Maître Simon, de Charles Canivet, publiée dans le Magasin pittoresque en 1893, tient autour de l’écho que trouve une superstition locale dans le changement de comportement du personnage éponyme.

p. 267

« Guillaume, qui, du seuil de la forge, le suivait des yeux, se demandait ce que cela voulait dire et n’y comprenait rien. Tout ce qu’il imaginait, c’est que Maître Simon était victime d’un sort, et qu’il avait dû passer, en revenant, sur le tard, de Barfleur, par les petits chemins, dans le voisinage de la source d’Escarboville, après un bon dîner, l’un des derniers soirs de dimanche.

Pendant la journée, personne ne l’ignore, ça n’a pas la moindre importance. Le filet d’eau sonore, tombant dans sa vasque naturelle, creusée depuis des années, au milieu des plantes et des fleurs, fait, à travers les graminées, la plus délicieuse des musiques. Mais, aussitôt le soleil disparu derrière les coteaux, le charme opère, dans toute sa force; et il est bien connu, à des lieues à la ronde, que si la plus petite goutte d’eau, venant de la source, atteint le passant attardé, si seulement il pose le bout de ses sabots dans le ruisseau murmurant qu’elle forme et qui roule, avec un bruit clair, le long de la pente pierreuse, c’en est à jamais fait de sa bonne humeur et de son allégresse.« 

Le manoir d’Escarboville se situe à La Pernelle. Le ruisseau coule en contrebas, traversant la D 902 (qui va de Barfleur à Quettehou), juste avant de se jeter à la mer. La forge de Maître Simon se trouve quelques hectomètres plus loin, à la sortie de Quettehou, en direction de Saint-Vaast.

Seulement, Charles Canivet a-t-il recueilli cette légende propre au ruisseau d’Escarboville sur place, ou l’a-t-il créée de toute pièce en même temps que le reste de la nouvelle ? Je n’ai pas su trouver d’autres sources la citant.