Le Château de Vauville

Le Château de Vauville est situé sur un site magnifique, avec une vue dégagée sur la mer, et entouré d’un jardin exotique très soigné. Il appartient aujourd’hui à la famille de Turckheim. Il n’est pas ouvert à la visite mais si vous avez de la chance, vous pourrez accéder à l’extérieur en visitant le jardin. Gerville le décrivait ainsi en 1824 :

VAUVILLE

          A trois lieues de Cherbourg vers l’ouest, au bord de la mer : on trouve la Paroisse de Vauville, dont un seigneur était avec le duc Guillaume à la conquête d’Angleterre; son nom est dans la liste de la chronique de Normandie, imprimée chez le Megissier.

          Richard de Vauville, un de ses successeurs, fonda, dans le siècle suivant, le prieuré de Saint Michel (aujourd’hui Saint-Ermel), sur le mont de Vauville (1); Algare, alors évêque de Coutances, ratifia cette fondation.

          Sous le règne de Philippe-Auguste, un autre Richard de Vauville tenait, de la baronnie (de honore) de Lithaire, un fief de chevalier à Vauville; Guillaume de Vauville tenait de la même baronnie un fief de haubert (loricæ) à Omonville-la-Roque (2).

          Parmi les bienfaiteurs de l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, durant le XIIe. siècle, je trouve que Richard et Guillaume de Vauville donnèrent à ce monastère l’église de Saint-Jean-de-Jersey, et la moitié de celle de Fontenay-sur-le-Vay (3).

          La famille des anciens seigneurs de Vauville était naguère établie dans le diocèse de Bayeux, et particulièrement à Sept Vents, canton de Caumont. Dumoulin, dans son ancienne histoire de Normandie, cite un catalogue des nobles qui allèrent à la Terre-Sainte, copié sur un manuscrit de la cathédrale de Bayeux.

          Les armes des Vauville, d’après ce catalogue, sont de gueules, à six merles d’argent : Chevillard les donne un peu différentes, de gueules au pal aiguisé d’argent, accompagné de six merlettes de même, troisde chaque côté.

          Sous le règne de St-Louis, il y avait un château à Vauville : le bienheureux Thomas Hélie de Biville y mourut en 1250 (4).

          Dans le XIVe. siècle, la famille de la Haye possédait la seigneurie de Vauville (5). Elle passa aux Sauvage. Vers la fin du XVIIe. siècle, Jeanne, fille et héritière de Julien le Sauvage, seigneur de Vauville, épousa César de Costentin, frère aîné du maréchal de Tourville : ce fut lui qui bâtit le château appartenant aujourd’hui au lieutenant-général Le Marrois.

          On voit que ce château est bâti sur la place de l’ancien. Une partie de ses tours et de ses défenses existait encore il y a cent ans. Le fils de César de Tourville, qu’on appelait le comte de Vauville, vint s‘y réfugier après avoir tué, dans un accès de jalousie, Hellouin, bailli de Périers. Après s’y être caché longtemps  il obtint sa grâce en levant la fierté de St-Romain, suivant un privilège du chapitre métropolitain de Rouen.

          On montrait encore naguère , au château de Vauville, la chambre où mourut le bienheureux Thomas de Biville.

          La seigneurie de Vauville était un plein fief de haubert, dépendant avant la Révolution de la baronnie de Bricquebec. Il y avait jadis un marché le mercredi, et une foire le jour St Maurice. En 1520, les Anglais y firent une descente, pillèrent le bourg et brulèrent les halles (6).

           Nous avons vu quelles étaient les armes des anciens Vauville. Celles de Carbonnel sont coupées de gueules et d’azur, à trois bésants d’hermine 2 et 1. Les Sauvage de Vauville portaient d’azur, au tronc d’arbre d’argent, accompagné en chef de deux glands d’or; et en pointe de deux feuilles de chêne du second émail. Costentin de Tourville portrait de gueules au dextrochère, tenant une épée d’argent surmontée d’un heaume de même.

in : Anciens Châteaux de l’Arrondissement de Cherbourg, par M. de Gerville, pp.224-227

Mémoires de la Société des Antiquaires de la Normandie, 1824, Première partie. A Caen chez Mancel libraire-éditeur. A Paris chez Ponthieu et Delaunay, Palais Royal, et chez les principaux libraires de Normandie. MDCCCXXV

Liste complète des Anciens Châteaux de Gerville : ici

(1) Livre noir de l’évêché.

(2) Lib. feodorum Dni Regis Philippi, apd librum nigr. Constantiensem.

(3) Cart. Mss. membranac. abbatiæ S.Salvatoris Vicecomit. p.18 et passim.

(4) Vie du B. Thomas de Buyville, autor. incert. sed coetaneo.

(5) Laroque, Hist. de la maison d’Harcourt, tome Il, p.1208.

(6) Archives du château de Bricquebec. Renseignements particuliers.

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