Sur la piste de mon arrière-grand-mère.

Nos recherches généalogiques peuvent nous emmener très loin dans le passé. Mais comment en apprendre davantage sur les membres de notre famille qui sont plus proches dans le temps ? Afin de répondre à cette question je vous propose de vous pencher sur le cas concret de mon arrière-grand-mère dont je ne savais presque rien au commencement de mon enquête.

Une photo et de bien maigres indices.

Je ne possède qu’une photo de mon arrière grand-mère, une bien belle femme de ma branche maternelle. En outre je dispose seulement des informations suivantes :

  • Elle était d’origine Belge
  • Elle tenait un salon de coiffure à Cherbourg (50) dans les années 1970
  • Elle a vécu rue du Faubourg dans cette même ville.

Muni de ces seules informations, je revêts ma tenue de détective et part à la recherche de ma bisaïeulle. Vous allez voir qu’à partir de presque rien nous pouvons trouver presque tout.

Source INSEE après 1970

Pour commencer je suis allé sur le site Match ID, où je la trouve, et j’apprends qu’elle est né à Cerfontaine (59) le 9 février 1901 et qu’elle est décédée à l’âge de 78 ans le 27 juin 1979 à Cherbourg (50).1

Listes électorales

Avant d’aller plus loin, je me rends aux archives municipales de Cherbourg où je compulse la liste électorale des femmes votant sur la commune de Cherbourg en 1971.2

Elle était coiffeuse et vivait au 25 rue Emile Zola à Cherbourg.

Contribution des patentes

Il s’agissait d’un impôt qui touchait les personnes physiques ou morales tenant un commerce, possédant une industrie ou exerçant une profession imposable. Il fut créé en France par l’assemblée constituante par la loi des 2 et 17 mars 1791. Le but de la patente était alors de taxer un revenu présumé en fonction de l’outil de travail.

C’est une source complémentaire pour le généalogiste. Sur la liste de contribution des patentes de Cherbourg, j’ai la confirmation qu’elle était coiffeuse.

Si je n’avais pas eu d’information sur son mari par ailleurs, j’aurai pu malgré tout apprendre ici qu’ il était mort avant 1971 et qu’il s’appelait Emile GAMARD. De façon plus anecdotique ce document m’informe qu’elle n’avait aucune personne à charge et n’avait pas de chien.

Google Street View

J’en profite pour situer le logement de mon arrière-grand-mère. Il s’agit de la petite maison à la façade marron ci-dessous.

Cadastre et matrice cadastrale

D’après le tableau d’assemblage du cadastre de Cherbourg des années 70, la rue Emile Zola se situait dans la partie AV du cadastre. Je consulte donc ce secteur du plan cadastral.

Cette rue se situait en AV.14, et le n°25 de la rue correspond à la parcelle n° 239 du plan.

A présent que j’ai situé la maison. Je consulte la matrice cadastrale des propriétés bâties correspondant à AV.239 afin de savoir si mon arrière-grand-mère était propriétaire de ce bien.

J’apprends que cette maison appartenait à Madame BAROTON, femme de Pierre LEPIGAUCHET. Mon arrière-grand-mère était donc locataire.

Registre du recensement

A présent je consulte le registre de recensement de 1936 pour la commune de Cherbourg. Je découvre qu’elle habitait à l’origine au 56 rue du Faubourg, chez sa belle famille, avec ses enfants et son époux.

Acte de naissance

Il me reste à trouver son acte de naissance sur le site des AD du Nord. Je découvre que son père, Félix Désiré CHAUDOIR, était journalier, né à Saint-Servais en Belgique.

Un blanc entre 1936 et 1971

Le salon de coiffure où elle travaillait se trouvait au 12 rue Paul Doumer. Il fut rasé au début des années 60 lors du renouvellement urbain de l’îlot 1, secteur place Divette, afin de construire l’actuel immeuble, sis 4 rue Paul Doumer. Je n’ai pas trouvé de source pour situer le salon après 1960. Le registre des patentes ne donnent que l’adresse d’habitation de mon arrière-grand-mère. Peut-être exerçait-elle son métier à la même adresse que son domicile ? Pour combler cette lacune il me restera à consulter un Didot et Bottin3 pour cette période, lorsque j’en trouverai un.

En 1936, mon arrière-grand mère vivait au 56 rue du Faubourg. J’ai pu trouver les sources pour connaître ses lieux de résidence jusqu’en 1971. Pour commencer, je consulte la liste électorale de 1949/1950 et constate qu’elle demeurait encore rue du Faubourg.

Je consulte le registre du recensement de 1954 et je constate que mon arrière-grand-mère y habitait toujours, avec mon grand-père adoptif, ma grand-mère et ma mère. Et que dans l’appartement d’à côté (56-5) vivait son autre fille avec toute sa famille.

Attention à la diffusion de ces données sur un arbre en ligne. Certaines personnes sont encore vivantes et ne souhaitent pas forcément y apparaître.

A présent je consulte la liste électorale de 1962, qui correspond à la période du renouvellement urbain, et je constate que mon arrière-grand-mère déménagea au 25 rue Emile Zola sur cette période. Cependant je ne trouve aucune trace du salon de coiffure à la même adresse.

Conclusion

La porte est à présent ouverte aux recherches généalogiques et j’en connais désormais plus sur la vie de mon arrière-grand-mère et sur ses origines jusqu’à la 7ème génération du côté français et la 3ème génération du côté Belge. Pourtant je ne partais pas de grand chose…

David Châtel.

Notes et références :

  1. Si elle était décédée avant 1970 il me faudrait aller au bureau du cimetière de Cherbourg pour avoir plus de renseignements.
  2. Les listes électorales qui ne sont plus en cours de validité sont consultables après un délai de 50 ans.
  3. Annuaire des commerces.