Faits étonnants arrivés en Aucey en 1767

Actes insolites découvert par Michèle Duthy (transcription en dessous).

Transcriptions Michèle Duthy et Pierre-Yves Jolivet.

p 176-177 – https://www.archives-manche.fr/ark:57115/s005e5ebc0592fb1/5e5ebc09dcc1d.fiche

Préambule du curé expliquant que l’histoire s’est avérée fausse… et il raye les pages :

Faits étonnans arrivés en Aucey en 1767 :
Ne vous donnez pas la peine de lire cet article qui suit, on a decouvert 2 ans après où on a entendu un bruit beaucoup.

Cela ne retire pas l’intérêt de ce récit qui montre les croyances et superstitions de l’époque…

Page 176 gauche : première histoire sur un coffre bruyant

Environ un mois apres Paques dernièrement Charles Coudray un des fermiers de mr de Lambert de cette paroisse et proprietaire assés considerable vint me consulter presence
de Mr Desmons vicaire de ce lieu, de Claude Gelin et Charles Guerin qui travailloient pour moi curé de cette paroisse à leur métier de charpentier, présence aussi de nos domestiques, pour me consulter, dis-je, en qualité de son curé et de son confesseur sur la maniere dont il devoit se conduire pour ce qu’il alloit m’expliquer ; le voici : Depuis environ huit jours me dit dès que la lumiere est éteinte le soir en notre maison, soit que nous soyons couchés, où non, nous entendons frapper de grands coups sur un coffre dans notre maison pendant environ une heure de tems, les portes de la maison bien fermées, et les domestiques couchés chacun en leur lit, les filles en ladite maison, et les garçons dans le plancher, comme je m’en suis assuré par moi même en les faisant parler aussi et en les appelant par leur nom, crainte que ce ne fût quelqu’un d’eux : Bregain est-tu là ? oui, nôtre maître que voulez-vous ? Le Rocher ton camarade est-il là ? oui que lui voulez-vous ? fais-le moi donc parler. Que voulez-vous notre maître ? repondoit ledit Rocher. ce n’etoient donc point les domestiques, les 2 filles étant couchées ensemble dans le même lit qui trembloient de peur : les 2 garçons Jacques Brégain et le Rocher m’ont asseuré avoir entendu le bruit et tapage d’en bas. ledit Coudray, sa mere Helenne Martel et sa femme Helenne pivert m’ont asseuré que ces coups sur ledit coffre commençoient d’abord comme par une espece de signal par deux ou trois coups frapés loin à loin

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sur ledit coffre et avec force comme il me le representoit en la cuisine du presbytère avec la hampe de son fouet sur une table ; ensuitte cela accordoit prodigieusement comme en frappant plusieurs coups et pendant lontems. Avant de m’en parler, il en avoit informé mr et madame de Lambert ses maîtres, qui se mocquerent de lui, le regardant comme un visionaire ; mais à la fin ils m’ont avoué eux même que cela étoit surprenant après le raport que leur en ont fait deux garçons leurs domestiques, qui 2 fois successivement allerent ecouter à la porte par dehors ce bruit nocturne qui commançoit après la chandelle éteinte. ils crioient enterieu rement d’une maniere intrepide. veux tu te taire ? veux-tu que j’entre ? si j’entre….. le bruit continuoit ils entrerent effectivement et sasseoient même sur ledit coffre cela cessoit un peu ; sortoient-ils, cela recommençoit. ils ôterent le coffre de l’endroit et y substituerent une petite table où bancelle : cela frapoit dessus : on ôta la bancelle ; cela
faisait le carillon dans la cour et ailleurs ce qui faisoit plus de peine audit Coudray, c’est que sa femme etait enceinte fort avancée dans la grossesse, qui mouroit de peur et qui tout tremblante se jettoit sur lui voici l’avis que je lui donnai : d’aller à confesse au plûtôt lui sa mere et son epouse et de s’aprocher de la Ste Eucharistie pour consulter le Seigneur, ce qu’ils firent dans la suitte ; ce qui m’a plus surpris dit qu’ils masseurerent peu de jours après mon conseil donné et avant d’avoir été a confesse que, dès le soir du jour qu’il m’avoit consulté, ils n’avoient plus rien entendu et n’entendent encore rien d’extraordinaire presentement . tout ce qui a précédé

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m’a été bien certainement détaillé par les susnommés. je laisse à ceux qui se donneront la peine de lire cet exposé d’en juger ce qu’ils souhaitront ; pour moi, je pense que c’est le démon qui avait peut être dessein de procurer par cette peur une fausse couche à cette femme pour que son fruit fût privé de la grace du Baptême et qui sachant que j’avais donné avis qu’ils s’approchassent tous (les…. de la maison) des sacremens de penitence et d’Eucharistie a cessé son carillon où bruit nocturne, ce que j’ai signé ce 26 septembre
mil sept cens soixante sept. P. Suvigny c. d’Aucey
signature de C. Desmons vicaire

Il faut remarquer que six mois où environ auparavant était décédée en la même maison Sébastienne Coudray tante du dit Charles, laquelle surprise de la mort n’avoit pas reçu tous les sacremens ; mais je ne pense pas que ce bruit soit arrivé à son sujet. signatures Charles Coudray et Helenne Pivert On a decouvert 2 ans après que 2 autres jeunes filles faisoient le carillon dans la maison ; et une de celle ci dessus a avoué qu’avec sa camarade elle faisont tout ce bruit avec des gaules cachées dans le lit : cet année cela a continuer pendant environ 2 mois. Helenne Pivert ci dessus la fermière a manqué d’en mourir. En tout cela on a decouvert qu’il n’y avoit rien que de naturel. je n’ai encore rien appris de plus pour l’article suivant ce 20 janvier 1769. Suvigny C. d’Aucey

Page 177 gauche (10 lignes avant la fin) : seconde histoire sur des cris durant la nuit

Le Curé n’a pas rayé la page, l’histoire est elle, pour autant, vraie …

Autre evenement prodigieux arrivé en cette paroisse il y a environ six semaines où deux mois, que j’ai crû pouvoir transmettre a la postérité et qui confirme mon opinion sur l’autre evenement Mr Desmons vicaire de cette paroisse sur le recit que lui avaient fait quelques personnes se transporta il y a environ 6 semaines à la Gibonnière proche ce bourg pour scavoir de Françoise Carnet femme de Jean Josse couturier si ce qu’on lui avoit dit d’elle était vrai : elle lui assura qu’une nuit elle avoit entendu couchée avec son mari et son mari entendoit aussi crier comme un enfant dans sa cour ; qu’elle avoit sollicité son mari à se lever et

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qu’il avoit refusé ; que le lendemain en plein jour sur 9 a 10 h du matin ; cette femme en passant un echallier, vit un petit arbre rond et franc le 2 où 3ème entre 2 pièces de terre, le 2ème ou 3ème depuis la gibonnière jusqu’à la Croix de la Lande Chauve, dans le moment qu’elle passoit cet echallier elle avait senti qu’on dechiroit avec une très grande violence son cotillon où jupe sur le devant de son ventre en long depuis au dessus du nombril, environ un pié au dessous ; et que sa chemise quoique neuve avoit été froissée beaucoup ; que dans ce moment elle s’etoit ecriée avec le plus de force qu’elle pût : Ah mon Dieu ! qu’aïant prononcé ce nom sacré, elle n’avoit plus rien senti et qu’à l’instant elle avoit aperçu une bête comme un chat de differentes couleurs moitié noir et qui avoit passé à travers la haie et qui étoit allé dans le chemin. il faut remarquer que cette femme étoit enceinte prête d’accoucher (elle est relevée de cette semaine) en outre le raport de Mr Desmons dont je ne doutois nullement ; j’ai voulu scavoir par moi même la verité de la bouche de cette femme qui m’a assuré la même chose par 2 fois, dont une en présence d’un autre prêtre. j’ai vu la jupe déchirée et recousue sur elle, laquelle est d’une grosse étoffe vulgairement appellée tirtaine à demi usée, moitié fil, moitié laine. elle m’a assuré que ce bruit \cri/ d’enfant qu’elle avoit entendu la nuit précedente de la rupture de sa jupe n’était point le cri d’un chat comme je voulois le lui persuader. ne serait – ce point encore le demon qui vouloit faire perir l’enfant de cette femme encore son esclave avant qu’il reçût le St Baptême ? attesté ce 26 7bre 1767. P. Suvigny C. d’Aucey
C. Desmons vicaire signe


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