Carteret

Il ne reste plus rien du château (ou de la maison-forte) de Carteret. La chapelle St Louis, qui était autrefois dans le château-fort, en reste le seul témoignage. En 1824, Gerville constatait déjà qu’il ne trouvait plus de trace ni de fossé ni de tertre, il a totalement disparu.

On trouve également sur la falaise les restes de l’église St Germain le Scot (souvent appelée la Vieille Eglise) qui date du début XIIème et qui est en partie démolie. A ne pas confondre avec l’emplacement lui-même du cap, appelé souvent le Camp de César ou le Castet, appellation qui montre que cet endroit était déjà connu et occupé aux début de l’ère chrétienne. Voici le texte de Gerville sur Carteret :

CARTERET

          La paroisse de Carteret qui est contigüe à celle de Barneville, a aussi eu un seigneur qui partagea en 1066 les dangers et la récompense de la conquête d’Angleterre. Le poète Wace explique pourquoi ce nom se trouve deux fois sur la liste de Masseville; il y en avait deux à la conquête, suivant le roman de Rou :

De Karlrait, Onfrey et Maugier

          Depuis la conquête jusqu’au règne de Henri II, roi d’Angleterre , je ne trouve rien sur Carteret. Le livre rouge de l’échiquier marque le service que devait ce fief servicium I militis.

          Trente ans après, cette seigneurie fut confisquée par Philippe-Auguste, celui qui la possédait alors étant resté attaché au roi Jean-Sans-terre. Voici ce qu’en dit le liber feodorum Philippi-Aug

Kartrait quod dominus re.r tenet per escha etam dehet servicium 1 militis.

          Il est probable que tout ou partie de ce fief fut remis à quelqu’un de la famille des anciens possesseurs; car on voit par des rôles de Normandie, cités par la Roque, qu’en 1271 et 1272 Renaud et Roger de Carteret furent employés sur la liste des chevaliers et écuyers qui servirent en l’ost de Foix, et l’année suivante, comme devant le service d’un tiers de chevalier.

          Depuis ce temps,la seigneurie de Carteret n’est plus comptée que comme un fief-ferme, dont le receveur des domaines de Valognes touchait encore les revenus en 1467. J’ai le détail de ses aliénations jusqu’au possesseur actuel; mais j’ai cru devoir l’omettre comme à peu près étranger à l’histoire des anciens châteaux; je vais seulement vous donner quelques renseignements sur l’emplacement du vieux château et sur la famille qui le possédait avant la confiscation.

          La place du château est dans un champ de terre, au milieu duquel est l’église actuelle ; cet emplacement n’offre aucune trace de tertre ou de fossés; il n’était pas susceptible d‘inondations.

          La famille la plus ancienne et la plus distinguée de Jersey porte le nom de Carteret, et fait remonter son origine jusqu’à ceux qui, sous le règne de Philippe-Auguste, quittèrent notre province. Cette famille est entrée dans celle du marquis actuel de Stafford (1).

          Depuis 1784, un autre descendant des anciens seigneurs de Carteret a été créé baron d’Angleterre, sous le titre de Lord Carteret. Le lord actuel est grand bailly de Jersey. Le nom de sa famille a été transféré à sa résidence dans le comté de Cornwall : il descend des vicomtes de Weymouth et des comtes de Stafford (2)

          On voit sur la falaise de Carteret les restes d’une enceinte assez étendue : ils appartiennent à une autre époque; nous en reparlerons.

in : Anciens Châteaux de l’Arrondissement de Cherbourg, par M. de Gerville, pp.263-266

Mémoires de la Société des Antiquaires de la Normandie, 1824, Première partie. A Caen chez Mancel libraire-éditeur. A Paris chez Ponthieu et Delaunay, Palais Royal, et chez les principaux libraires de Normandie. MDCCCXXV

Liste complète des Anciens Châteaux de Gerville : ici

     
(1) V. le Peerage de Collins, par S. E. Brydges, tom.8, p. 1.
(2) Peerage of Collins, by sir F. Brydges, tome VIII, p.1

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