Les Milloraines de la Mare-Pantin (Bricquebec) et de la Guette (Carantilly)

par Christophe Canivet

Dans sa nouvelle le Sorcier, publiée dans la Chanson du pays en 1893, Charles Frémine cite la grande Milloraine de la Mare-Pantin. Il ne donne aucun détail, il ne la décrit pas, comme si tous ses congénères savaient de quoi ou de qui il parlait.

Dans l’édition de 1973, Pierre Leberruyer ajoute en note que cette Mare-Pantin a depuis été comblée mais il ne précise pas davantage où se situait précisément ce point d’eau, quelque part sur la commune de Bricquebec, selon le Fichier FANTOIR.

Il m’a fallu découvrir la publicité légale de la vente du domaine en 1812 pour apprendre que ladite mare-Pantin se situait en contrebas du château des Galleries (Feuille d’annonces du département de la Manche 22/02/1812)

D’après la vente de 1858 du même domaine, la publicité précisant cette fois-ci à la fois le nom des parcelles et leur n° cadastral, la Mare-Pantin serait la parcelle G 433 et le pré qui y descend serait la parcelle G 434 du cadastre-Napoléon (Le Journal de l’arrondissement de Valognes, numéro du 29 octobre 1858)

Entités féminines, aux formes nébuleuses, elles ne sont pas sans rappeler les Sirènes de l’Odyssée, à moins que ce ne soient la résurgence des Ondines ou autres divinités pré-chrétiennes des eaux et des forêts. Peut-être étaient ce tout simplement un moyen de rappeler que certains endroits étaient particulièrement dangereux et qu’il valait mieux ne pas s’y aventurer seul par temps de brouillard ou à la nuit tombée, que ce soit le bord d’une fontaine dans laquelle on risquait de tomber et de se noyer ou un grand chemin où on risquait de se faire attaquer. Pour plus de détails, voir sur ce site.

p107 – Feuille d’annonces du département de la Manche 22/02/1812

Appelées sous d’autres cieux Dames blanches, Demoiselles ou Banshees, elles sont désignées sous le terme de Milloraines spécifiquement dans la presqu’île du Cotentin, au point que lorsque l’abbé Lecanu, vicaire de Carantilly dans les années 1830, vient y parler d’une Milloraine à la Guette, un ancien cairn situé dans le bois de Carantilly, je sus aussitôt que le bon père était né à l’autre bout du diocèse, au-delà des marais de Carentan (Carantilly : Causerie sur beaucoup de choses à propos de rien par l’abbé Lecanu – Mémoires de la Société académique du Cotentin (1884) p. 243). L’abbé décrit ainsi cette tentatrice locale :

Tout comme à Bricquebec, on avait fini par priver la Milloraine de son lieu de villégiature. Le cairn de la Guette avait été rasé peu avant la Révolution et ses pierres avaient été réutilisées pour agrandir le château.

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