L’ÉGLISE SAINT-THOMAS-DE-SAINT-LÔ : DE LA PRISON À LA BONBONNIÈRE (1174-1944)

Par Christophe CANIVET

Commune ou paroisse Saint-Thomas-de-Saint-Lô ? C’est l’éternelle question pour le généalogiste saint-lois. Toutes les deux portent le même nom mais n’ont pas la même assiette géographique à travers le temps. D’où un certain nombre de confusions et d’incompréhensions qui nécessitent de temps à autre un petit rappel.

La commune de Saint-Thomas-de-Saint-Lô

La commune de Saint-Thomas-de-Saint-Lô sur le cadastre-Napoléon (AD de la Manche)

La commune de Saint-Thomas-de-Saint-Lô n’a administrativement rejoint le giron saint-lois qu’en 1964, en même temps que sa voisine Sainte-Croix-de-Saint-Lô. Mais ce n’était après tout que la correction d’une anomalie de plus d’un siècle et demi : pendant tout ce temps, les communes de Saint-Thomas et Sainte-Croix n’avaient pas d’église et les églises portant ces noms se trouvaient chez leur voisine saint-loise.

Sous l’Ancien-Régime, Saint-Lô est partagée en trois paroisses : Notre-Dame, Saint-Thomas et Sainte-Croix, avec, bien évidement, chacune son église paroissiale. Au moment de la rédaction des cahiers de doléances, ces trois paroisses totalisent environ 7.000 habitants, dont 4.237 pour Notre-Dame[1].

Mais, sous la Révolution, lorsque sont créées les communes, les parties urbaines des paroisses de Saint-Thomas et Sainte-Croix vont être rattachées à Notre-Dame pour former la commune de Saint-Lô et les communes de Saint-Thomas et Sainte-Croix vont devoir se contenter des parties rurales.

De ce fait, la commune de Saint-Thomas-de-Saint-Lô ne va jamais compter plus de 250 à 400 habitants, essentiellement regroupés au Hutrel et à Candol, tandis que la population de Sainte-Croix évoluera de 550 à 820 habitants. Privés d’église, les paroissiens de Saint-Thomas doivent se rendre à Baudre pour exercer tous les actes de la vie liturgique.

Mais plutôt que la commune, c’est l’église Saint-Thomas qui va nous retenir.

  • L’église primitive et les Champs-Saint-Thomas
La chapelle Saint-Thomas de Lyon. On reconnaît la basilique Notre-Dame-de-Fourvière au premier-plan à gauche

Pourquoi illustrer ce propos par une photo venue de la Capitale des Gaules ? Parce que la dénomination des deux édifices partagerait la même légende. Et Capitale des Gaules, la Gaule romaine s’entend, c’est le cas de le dire puisque l’édifice lyonnais a été construit vers 1180 au sommet de la colline de Fourvière, sur l’emplacement du forum de Vénus. Déjà plusieurs fois rebâtie, il était initialement prévu de la démolir pour permettre la construction de la basilique Notre-Dame-de-Fourvière à la fin du XIXe s. Finalement, la chapelle Saint-Thomas a été maintenue et, de nos jours, contrairement à certaines idées reçues, c’est elle qui porte la statue dorée de la Vierge, pas sa voisine.

Tout comme la chapelle lyonnaise, l’église saint-loise devrait son nom à saint Thomas-Becket (1118-1170). En cette fin du XIIe s., les ducs-rois régnaient sur les deux rives de la Manche. En conflit avec Henry II Plantagenêt, l’archevêque de Cantorbery voyageait sur le continent quand il vint à passer par Saint-Lô. L’église était alors en construction et comme on n’avait pas encore déterminé sous quel vocable elle serait placée, on sollicita l’avis de l’illustre voyageur. Celui-ci répondit en toute innocence qu’il n’y aurait qu’à la dédier « au premier martyr qui versera son sang pour la foi ». La Providence voulut que ce fût lui[2]. Assassiné le 29 décembre 1170, l’archevêque de Cantorbéry était canonisé le 21 février 1173, et l’église consacrée le cinquième jour des calendes d’août 1174 (28 juillet 1174) par Renaud, évêque de Bath et Wells, en présence de l’évêque Richard de Bohon et de Guillaume de Martinville, abbé de Saint-Lô[3].

L’immense esplanade qui allait de cette nouvelle église jusqu’à l’abbaye Sainte-Croix ne tarda pas à prendre le nom de Champs-Saint-Thomas. Car, à ce stade, l’église Saint-Thomas ne se trouve pas dans la vallée mais sur le Rocher. Les Champs-Saint-Thomas englobaient en effet le Champ-de-Mars[4] mais aussi une partie de l’actuelle place de l’hôtel-de-ville (Charles de Gaulle), l’église Saint-Thomas se trouvant justement de ce côté-là, à l’emplacement de la prison (dont il ne reste plus depuis 1944 que le portail d’entrée, conservé comme mémorial de la Résistance)[5].

La façade orientale de l’Enclos a toujours été la plus difficile à défendre puisqu’elle ne bénéficie d’aucun aplomb alors que sur ses trois autres faces le Rocher prend naturellement de la hauteur. Seulement, loin de ces considérations militaires, les bâtisseurs de la première église Saint-Thomas l’avaient construite juste au-delà du fossé de la ville, sur un petit monticule qui ajoutait à sa prestance, comme le recommandait l’art religieux.

Quatre cents ans plus tard, l’art sacré cédait le pas aux Guerres de religion et à la balistique. Maison de Dieu ou pas, elle nuisait à la défense de la ville. Les priorités avaient changé. Les documents de première main manquent toutefois pour dater précisément les faits et leurs auteurs.

D’après YBERT, c’est Jacques II de MATIGNON (1525-1598) qui fit abattre l’église, peu après que l’évêque de Coutances lui eut cédé la propriété de la baronnie de Saint-Lô, le 22 mai 1576. L’évêque Artus de COSSÉ-BRISSAC conservait en effet un cuisant souvenir de la ville. En 1562, lorsque les Protestants s’en étaient emparés, ils l’avaient ridiculisé en lui faisant traverser la cité monté sur un âne, sous les rires et les quolibets… Le siège était à présent terminé, Saint-Lô était à nouveau catholique, MONTGOMMERY et ses coreligionnaires avaient été chassés du pays quand ils n’étaient pas morts et enterrés de ci, ce là en ville. Mais de nouvelles fortifications et une nouvelle citadelle, plus conformes aux exigences du temps, devaient être érigées. Seulement, l’église Saint-Thomas primitive se trouvait sur son monticule, à 50 ou 60 pas devant les murailles projetées, ce qui en faisait un point vulnérable dans la défense. Le nouveau gouverneur la fit donc raser[6]

Selon l’abbé LECANU, la démolition de cette église primitive est, au contraire, imputable aux seuls Protestants. Quand MONTGOMMERY s’est emparé de Saint-Lô, en 1562, il fit démolir la tour et les voûtes de l’église Saint-Thomas, pour que les Catholiques ne pussent s’en servir à contre-battre ses ouvrages. Sitôt le calme rétabli, les habitants entreprirent de restaurer ce qui avait été détruit ; mais à peine était-elle rendue au culte, que COLOMBIÈRES, maître de Saint-Lô à son tour, la fit raser dès 1574[7]. Sauf que cette chronologie supposerait que cette décision ait été prise et mise à exécution pendant le siège. Donc, on voit mal où se situerait l’instant de répit évoqué par l’abbé LECANU. Le siège de Saint-Lô par les Catholiques commence le 25 avril 1574. Cinq jours plus tard, MONTGOMMERY parvient à quitter la ville et laisse le commandement des assiégés à François DE BRICQUEVILLE DE COLOMBIÈRES, lequel se fera tuer lors de l’assaut final, le 10 juin suivant. MONTGOMMERY, lui, est décapité en place de Grève, à Paris, le 26 juin.

Que la première église Saint-Thomas ait été détruite en 1574 ou en 1576, ceci explique en tout cas qu’il n’existe aucune représentation de ce bâtiment primitif, d’où le recours à l’ersatz lyonnais.

  • L’église de la rue Saint-Thomas
L’église Saint-Thomas vers 1844. Lithographie de Désiré LEVAVASSEUR. Musée de Saint-Lô. Rééditée vers 1900 sous format carte postale dans la série St-Lô qui s’en va

Les paroissiens de Saint-Thomas vont rester un demi-siècle sans église. La première pierre du nouvel édifice ne sera posée sur les bords du ruisseau du Torteron qu’en 1624. Il faudra encore attendre  le 1er novembre 1630 pour qu’une première messe y soit célébrée.

Cette nouvelle église dispose-t-elle d’un cimetière ? En 1933, six squelettes sont découverts dans ses parages immédiats. Mais, contrairement à ce qu’affirme l’Ouest-Éclair à l’époque, il est impossible de dire qu’il s’agissait là de traces d’un ancien cimetière entourant l’édifice[8]. La présence du Torteron sur ce terrain plat rend le creusement de tombes de manière habituelle bien improbable, le ruisseau, quand il s’écoulait à ciel ouvert, étant toujours prompt à déborder. En fait, de tous temps, les paroissiens de Saint-Thomas, tout comme ceux de Notre-Dame, ont été enterrés au cimetière de Sainte-Croix, initialement situé sur l’actuelle place Sainte-Croix puis, à compter de 1785 au Clos-l’abbé (l’actuel cimetière municipal). Or, d’antiques dépouilles avaient de la même manière été retrouvées quelques décennies plus tôt lors de travaux sur la place de la Préfecture (celle du XIXe s.)[9], non loin de l’église Notre-Dame. Alors que certains avaient crû y voir les traces d’un ancien cimetière, l’hypothèse privilégiée avait été celle de Protestants morts au cours du siège[10]. Même si les squelettes de Saint-Thomas se trouvaient hors des murs assiégés, l’hypothèse pourrait être la même puisque si ces cadavres avaient été catholiques, ils auraient nécessairement été enterrés dans un lieu consacré et en tant qu’assiégeants, leurs camarades auraient eu l’embarras du choix parmi tous les cimetières des environs.

Comme l’a remarqué Maurice LANTIER, la documentation sur cette seconde église Saint-Thomas, du moins sous l’Ancien-Régime, pêche par sa maigreur. Outre le nom de quelques desservants ou la refonte des cloches en 1733, il relève tout au plus une lettre de juillet 1782 réclamant de toute urgence des travaux auprès des services de l’Intendance[11].

Quelques réparations furent sans doute réalisées puisque l’église Saint-Thomas va tenir un rôle privilégié durant la période révolutionnaire. Le 30 janvier 1791, elle partage avec Notre-Dame la cérémonie de prestation de serment de fidélité à la constitution des religieux saint-lois[12]. C’est encore sous ses voûtes que la compagnie saint-loise de la garde nationale sera réorganisée[13]

Le 25 août 1792, sept prêtres, dont le curé de Saint-Thomas, jurent « de maintenir la liberté et l’égalité ou de mourir en les défendant ». Mais, bientôt, le représentant en mission BOURET interdit l’exercice du culte catholique (7 janvier 1794)[14]. L’église Saint-Thomas est fermée au culte en mars 1794[15], les « marques du fanatisme » (mobilier liturgique, statues etc.) subsistant encore étant enlevées en juillet-août de la même année[16].

Il n’y a plus de messe dominicale mais elle est remplacée par des cérémonies décadaires. L’église Saint-Thomas a les faveurs des autorités civiles. Tous les dix jours, après deux sons de cloche, cérémonie à 11 heures. On lit les lois parues pendant la décade, on prononce des discours, on chante des hymnes patriotiques ou civiques et la cérémonie s’achève au rythme de la strophe « Amour sacré de la patrie ». Le soir, un nouveau rassemblement des plus zélés a lieu aux Nouvelles-Catholiques. Saint-Lô, perdant son nom trop clérical, était devenue « Le Rocher de la Liberté »[17].

Ceci ne dure guère. Le décret du 3 ventôse an III instaure (ou restaure) bientôt la liberté des cultes. Notre-Dame est rouverte aux cérémonies religieuses. Mais le district estimant qu’elle est suffisante pour satisfaire tous les citoyens de Saint-Lô, sa voisine l’église Saint-Thomas reste porte close (avril 1795)[18]. Close du moins pour l’exercice du culte. Il lui arrive notamment de servir de grange voire de caserne, au moment du siège de Granville par les Chouans.

Concordat oblige, l’église est finalement rouverte en 1802, juste avant que la paroisse Saint-Thomas ne soit annexée à Notre-Dame, en 1803. Elle continuera de servir au culte, disposant de son propre registre des baptêmes, mariages et sépultures[19]… jusqu’à ce que Napoléon passe par là, en 1811[20].

Du 26 au 30 mai 1811, le couple impérial se rend en visite officielle à Cherbourg afin de constater l’avancement du chantier du port militaire en cours de construction. Dans la foulée, le 6 juin, Napoléon annoncera de nombreux travaux en ville (construction d’un nouvel hospice, d’une halle aux grains, d’une nouvelle église, d’un égout etc.) mais surtout, le 19 juillet, il décidera d’ériger Cherbourg comme chef-lieu d’un arrondissement à prélever sur celui de Valognes.

Le 30 mai, après avoir pu assister aux évolutions de la flotte dans la rade, le couple impérial et la cinquantaine de voitures de sa suite, sans compter les cavaliers de l’escorte, avaient repris la route, direction Alençon[21]. Le cortège arrive à Saint-Lô sur le coup des sept heures du soir[22]. Il y passera la nuit avant de repartir dès le lendemain[23]. Classiquement, les autorités locales en profitent pour solliciter à leur tour les bonnes grâces de l’empereur. Et toute comme pour Cherbourg, les journaux vont bientôt annoncer une batterie de mesures. Louis GUILLOT, le maire de la ville, est promu sous-préfet de Bayeux[24]. L’hôtel de la préfecture sera réparé, les bastions et les murs le masquant devant être démolis, et, d’autre part, les bâtiments nécessaires pour compléter le dépôt d’étalons créé en 1806 seront construits sur les terrains dépendants de l’ancienne abbaye de Saint-Lô[25]. Mais surtout, en ce qui nous concerne ici,  l’église Saint-Thomas va être concédée à la ville pour y établir une halle aux grains[26].

Le demi-siècle qui suivra ne va pas voir de grandes modifications dans l’architecture du bâtiment. Débarrassé de tout mobilier liturgique, en dehors des heures du marché, le rez-de-chaussée de la « halle Saint-Thomas » reste un des plus vastes espaces clos de la ville, permettant régulièrement la tenue de réunions publiques, qu’elles soient programmées ou plus impromptue, comme ce banquet populaire du 9 avril 1848 qui devait initialement se tenir en plein air sur le Champ de Mars[27]. En plein air ! Un 9 avril ! À Saint-Lô ! Les nuages contraignirent les convives à se replier à l’abri, dans de la halle.

En revanche, ses abords vont être bouleversés, ce qui n’était autrefois qu’un faubourg de périphérie devenant pour ainsi dire, déjà, un quartier de centre-ville.

Point le plus directement visible, le ruisseau du Torteron, qui circulait jadis à l’air libre et ne manquait pas de déborder à chaque intempérie, est désormais canalisé et recouvert par la chaussée. Pour cause, les rues qui le longeaient (ou qui faisaient corps avec lui) font désormais partie de la route n° 172, allant de Bayeux à Granville (créée en 1824)[28].

Pour mémoire, cet illustre inconnu[29] prend sa source cent ou deux cents mètres en amont de la ferme de la Trapinière[30], traverse la route de Torigny en contrebas de l’actuel collège Pasteur, pour se jeter dans l’Abreuvoir l’Abbé, au pied de la rue du Rossignol. De là, il longe et donne son nom à la rue du Haut-Torteron. La rue et son ruisseau courent ainsi jusqu’à l’église Saint-Thomas, qu’ils bordent sur sa face nord[31]. La face sud de l’édifice est, quant à elle, longée par la rue de la Herbaudière. Les deux rues se rejoignent devant le portail de l’église pour former la rue Saint-Thomas, qui ne fait alors qu’une grosse centaine de mètres, jusqu’au carrefour Saint-Thomas[32], situé dans les premiers mètres de la rue Valdimesle qui remonte vers le Bon-Sauveur. De là, le ruisseau poursuit sa route le long de la rue du Bas-Torteron (ou Torteron tout court, comme de nos jours), passe le carrefour de l’hôpital[33] et se jette juste en amont du pont de Vire[34].

La ruelle qui rejoint la rue Saint-Thomas au droit du portail de l’église a elle aussi pris de l’ampleur. Si on en croit le tableau d’assemblage du cadastre-Napoléon, initialement, elle n’était que l’aboutissement de la rue Croix-Capey, rue qui repartait en diagonale vers la rue Neufbourg[35]. En 1822, une rue est percée le long des remparts, dans le prolongement de la rue du Bas-Torteron. Elle reçoit tout d’abord le nom de rue d’Angoulême, le duc d’Angoulême étant le fils aîné du roi Charles X, puis celui de rue du Commerce après les Trois Glorieuses. Elle sera rebaptisée rue Havin à la fin du siècle. Une rue transversale est alors ouverte de cette nouvelle voie à l’église Saint-Thomas. Alors que l’église est devenue halle au blé depuis 1811, une seconde halle, la halle aux menus grains, va être construite au bout de cette ruelle qui prendra donc le nom de rue des Halles. Et c’est au bout de cette rue des Halles que sera érigée la Fontaine Havin à la fin du siècle, fontaine Havin qui, au grand dam des Saint-lois, ne donnera jamais que de l’eau.

  • Le musée dans les combles
Le nouveau palais de justice et la prison (à gauche), la halle aux menus grains (au milieu) et l’église Saint-Thomas (à droite). Extrait de la vue aérienne de Saint-Lô réalisée par Alfred GUESDON vers 1850 [36]

Il a fallu attendre 1835 pour voir se créer un musée à Saint-Lô et encore c’était à l’initiative de la Société d’agriculture, d’archéologie et d’histoire naturelle de la Manche[37], pas de la municipalité.

Il est tout d’abord installé dans les locaux de l’ancien tribunal civil, rue du Filet, dans les ci-devant bâtiments de l’institution des Nouvelles-Catholiques, bâtiments qu’il partageait avec l’ancien collège[38], qui s’ouvrait, quant à lui, rue aux Porcs[39]. Les deux établissements viennent alors tout juste de fermer leurs portes, au début de l’année précédente en ce qui concerne le « palais de justice ». L’état déplorable de ces locaux nous est confié dans une lettre du 1er décembre 1833[40], et encore la situation n’a pu que se dégrader entre temps puisque les lieux sont restés inoccupés pendant toute une année…

Mais ce premier établissement ne va être que bien provisoire, toutes les constructions se trouvant entre la rue du Filet et la rue aux Porcs étant appelées à être démolies pour permettre à la place des Beaux-Regards de rejoindre la place Ferrier. Le musée passe donc dans la maison Angoville, qui s’ouvre sur le parvis de Notre-Dame.

Oui, mais celle-ci est à son tour démolie en 1844 pour agrandir la place Ferrier jusqu’à l’église. Les collections du musée prennent alors la direction des combles de l’église Saint-Thomas, nettement visibles sur la vue aérienne d’Alfred GUESDON.

En 1859, nouveau déménagement, le musée est transféré à l’étage de la Halle aux menus grains, devenant du même coup municipal. Et il n’était pas encore au bout de ses errements, ce nouveau local s’avérant bientôt, à son tour, inadapté, tant par les conditions de conservation offertes aux collections que par le manque de place… Or, un dicton veut à cette époque que « trois déménagements équivalent à un incendie » par les pertes qu’ils occasionnent. Le musée de Saint-Lô en a connu quatre dan son premier quart de siècle d’existence !

  • Le théâtre dans les combles
Le projet de l’architecte parisien Jules DORÉ (1883). reproduit dans la Revue d’architecture – XIe année. (AD 50 – 1 Fi 5/621)

Dès le milieu du XIXe s., des pièces de théâtre sont également jouées dans les combles de l’ancienne église Saint-Thomas[41].

Assurément, il y a un « directeur du théâtre de Saint-Lô », donc un « théâtre », fin 1853 puisque Octave FEUILLET lui interdit de jouer sa pièce Le Pour et le Contre, affirmant que tout le succès de cette pièce, à Paris, était à accorder à son actrice principale, Mme Rose CHÉRI. « Ce serait s’exposer à un échec que de la jouer à Saint-Lô avec les ressources locales »[42]. Nous ne disposons malheureusement que d’un abstract de cette lettre et pas de son texte intégral. Le dramaturge parle-t-il des comédiens, des habitudes du public local ou de l’écrin offert à sa pièce ?… Il suffit de relire les détails du banquet de 1848 pour s’apercevoir que passée l’heure du marché, la halle au blé conserve quelques traces de son activité matinale. Et encore, on ne parlait alors que de la poussière de farine à l’intérieur des murs, pas des traces laissées par les bêtes chargées du transport des sacs à l’extérieur…

L’Immortel saint-lois n’aura pas toujours tant de scrupules. Mais il faut avouer que, entre temps, le musée aura rejoint la halle aux menus grains, laissant tout l’étage de la halle Saint-Thomas au théâtre, et que la municipalité aura mis pour l’occasion les petits plats dans les grands. En 1864, on donne en effet à Saint-Lô sa comédie Montjoye. Remarquez que l’affiche dit à peu près tout, sauf l’adresse de la salle[43]. C’est un spectacle « à grands frais », avec illuminations a giorno, changement de décors et venue de deux artistes spécialement embauchés  pour l’occasion. On parle de bureaux qui s’ouvrent une demi-heure avant le spectacle, de différentes catégories de places dont la dénomination sur le papier fait penser aux grands théâtres parisiens. Mais que recouvrent précisément ces mots dans la mesure où les combles de l’église ne permettent pas l’existence de gradins ?… On notera aussi que les places peuvent être réservées à l’avance auprès de Mme DROUET, à l’ancienne mairie, ou chez M. LEFÈVRE (le directeur du théâtre ?), rue du Neufbourg, ce qui veut dire que les « bureaux » précités ne sont eux-mêmes que des agencements provisoires.

Vingt ans plus tard, dans ses toutes premières pages de l’année 1883, la Gazette des architectes et du bâtiment annonce l’ouverture d’un concours en vue de la construction d’un théâtre de 500 places à Saint-Lô[44]. Les candidats sont soumis à deux séries de contraintes, les unes techniques, les autres financières.

Ledit théâtre sera édifié au-dessus de la halle Saint-Thomas, en utilisant les constructions existantes, avec faculté pour l’architecte de conserver ou démolir la façade ouest. Le rez-de-chaussée de la halle demeurera affecté à la vente des grains, sauf l’emplacement nécessaire pour les escaliers et accessoires du théâtre. Les projets ne devront pas dépasser les 125,000 francs, y compris  les décors et accessoires, appareils de chauffage et d’éclairage, installation d’un service d’eau contre l’incendie, etc.

Les candidats ont un peu moins de deux mois, jusqu’au 1er mars, pour déposer leurs dossiers, comprenant :

  • 1°) Un plan général du théâtre et des abords à l’échelle de 0,001 par mètre;
  • 2°) Un plan du rez-de-chaussée à l’échelle de 0,01;
  • 3°) Un plan de la salle et de la scène et des aménagements de l’édifice à l’échelle de 0,01;
  • 4°) Un dessin de la façade occidentale et de l’une des façades latérales;
  • 5°) Des coupes en long et en travers de la salle et de la scène;
  • 6°) Un devis descriptif;
  • 7°) Un devis estimatif.

Ces projets seront examinés et classés par une commission composée du maire[45], de trois conseillers municipaux[46] et de trois architectes étrangers à la localité[47]. L’auteur du projet classé le premier sera chargé de diriger les travaux, moyennant des honoraires fixés à 5 % du montant du règlement des mémoires. Ces honoraires seront la rémunération des plans et pièces des projets, et plans et détails d’exécution, de la direction des travaux, de la vérification et du règlement des mémoires.

C’est du moins ce que promet l’annonce…

Onze projets ont été adressés à l’administration municipale. Ils sont exposés à l’Hôtel-de-Ville, du dimanche 4 au jeudi 8 mars 1883 et le jury rend sa décision le 12[48].

Et là c’est le drame ! Le projet n° 1, incomplet, a purement et simplement été mis hors concours. Mais si les autres dossiers comprennent bien les pièces requises, ils dépassent tous le budget prévu et/ou ne répondent pas aux pré-requis techniques. La commission a donc décidé à l’unanimité qu’il n’y avait pas lieu de décerner le premier prix.

Elle a néanmoins classé les différents projets. C’est ainsi qu’arrive en tête, mais seulement en tant que « second prix », le projet n° 4 de l’architecte parisien Jules DORÉ. Seront ensuite qualifiés de troisièmes prix ex-æquo d’une part le projet n° 8 établi conjointement entre MM. Émile PILLIOUD (1840-1921), architecte du département de la Manche, et Félix VIAUD (1844-1918), architecte, contrôleur des bâtiments scolaires, et d’autre part, le projet n° 2 rédigé par Émile DIDIER (1828-1897), présentement architecte à Cherbourg mais ayant précédemment exercé à Saint-Lô où il était également conservateur du musée.

Le délai de préparation alloué a-t-il été un peu court ? Les architectes trop ambitieux ? Les municipaux trop exigeants quant aux critères techniques ou, plus vraisemblablement, trop chiches sur le budget accordé à l’opération ? C’est d’autant plus curieux que le conseil municipal compte deux hommes de l’art en son sein, parfaitement capables d’évaluer le coût d’une telle opération quand bien même ils ne pouvaient pas eux-mêmes postuler… Puisqu’on souhaitait conserver tout ou partie de la structure de l’église Saint-Thomas, les postulants devaient pouvoir visiter longuement les lieux afin de faire un point précis de l’état du bâti existant, étudier les sols pour déterminer si les fondations pourraient en l’état subir les contraintes supplémentaires qu’apporteraient les nouveaux aménagements etc. Même s’il n’est plus visible de l’extérieur, le Torteron, ce ruisseau qui, à l’aune des temps géologiques, a profondément entaillé les phyllades du Rocher, est toujours là… Quant aux nouvelles contraintes, il suffit, par exemple, de jeter un œil sur les plans du projet DORÉ[49], pour voir qu’il prévoit un théâtre à deux niveaux en sus du rez-de-chaussée, sans parler de la nouvelle charpente, au lieu des combles que l’on aperçoit sur la vue aérienne de GUESDON. On ne pouvait donc pas se contenter de dessiner les plans d’un palais idéal sur un coin de table. Or, plus on abrégeait le délai, moins on permettait à des architectes venus de loin et ne connaissant pas les lieux de se présenter utilement. Si un Parisien arrive en tête du concours, les autres candidats cités habitent ou ont habité pendant plus d’un quart de siècle à Saint-Lô. Sans doute, le conseil municipal s’en expliquait-il dans ses délibérations mais ces archives ont a priori été définitivement perdues en 1944.

Ne reste pour l’historien, professionnel ou amateur, qu’une seule question utile : ce concours de 1883 a-t-il été suivi d’effet ? L’appel d’offres, tel que publié dans la Gazette des architectes et du bâtiment, ne prévoyait de gratification financière et la réalisation de travaux que pour « l’auteur du projet classé le premier ». Or, celui qui est arrivé en tête ne s’est vu décerner qu’un « second prix ». Le conseil municipal a pu être plus précis que cette annonce mais là encore notre réponse a disparu lors du carpet-bombing.

Dans les années qui suivent, l’utilisation de la locution « théâtre de Saint-Lô » dans la presse écrite ne permet même pas de savoir si on parle d’une salle de spectacle aménagée dans un bâtiment plus vaste ou s’il s’agit d’un édifice dont c’est la seule activité[50]. Et s’il s’agit toujours du théâtre aménagé au-dessus de la halle, dans les murs de l’ancienne église Saint-Thomas, comme on donnait déjà là des pièces de théâtre depuis des décennies, on ne saura pas si celles jouées dans les toutes dernières années de l’ancienne église Saint-Thomas ont été mises en scène dans le cadre existant en 1883 ou dans un cadre réaménagé selon les plans de Jules DORÉ.

Le fait qu’on va partir sur un tout autre projet dès la décennie suivante laisse toutefois penser que les choses étaient restées en l’état. Seulement, Octave FEUILLET, le plus célèbre dramaturge de la ville, sera mort entre temps.

  • Le théâtre, de la Belle époque au 6 juin
La Bonbonnière

Le premier vrai théâtre de Saint-Lô, au sens de bâtiment spécialement et uniquement affecté à cet art, ne sera inauguré que le 16 avril 1896, en présence du maire Henri AMIARD et du préfet de la Manche Paul FLORET. Pour cette première, on donne un gala de charité au bénéfice des pauvres de la ville. La troupe lyrique du théâtre de Cherbourg joue Carmen, de BIZET, puis le Village, comédie en un acte d’Octave FEUILLET[51].

Même s’il est construit selon des plans établis par MM. PILLIOUD et VIAUD, déjà arrivés en deuxième position (mais seulement 3e prix ex-æquo) en 1883, il s’agit d’un projet tout nouveau. Plus question de créer une salle de spectacle dans les combles, le rez-de-chaussée restant exploité comme halle au blé. L’église Saint-Thomas a été purement et simplement rasée et le nouveau théâtre est construit en ses lieu et place.

Il s’agit d’une salle à l’italienne de 500 places, avec trois niveaux de balcon. Précédée d’un escalier, la façade en pierre de taille est composé d’un rez-de-chaussée à bossage, à trois portes, d’un étage-noble à trois ouvertures avec un balcon au centre. Au dessus, un attique est orné de trois occuli abritant les bustes de la Comédie, la Musique et la Tragédie, et surmonté d’un fronton figurant une licorne, emblème de la ville. Cette architecture quelque peu surchargée lui vaut le surnom de Bonbonnière.

Ladite Bonbonnière sera détruite lors des bombardements du 6 juin 1944. Après-guerre, le théâtre actuel sera érigé un peu plus loin, au plus près de la rue Octave Feuillet. Il n’existe même plus trace de l’emplacement de l’ancienne église, les urbanistes en ayant profité pour redresser le tracé des voies, la rue Saint-Thomas allant désormais jusqu’au carrefour de la rue Octave Feuillet et de la rue de l’Exode.


[1]Martin Moriet, curé de Notre-Dame et la vie religieuse à Saint-Lô sous la Révolution (1789-1800) / l’abbé Sevestre –  Journal de la Manche et de la Basse-Normandie 26/02/1921

[2]An Architectural Tour in Normandy / Henry Gally Knight (1836) p. 122

[3]Histoire du diocèse de Coutances – vol. 2 / l’abbé Lecanu (1878) p. 383

[4]Plusieurs auteurs affirment que les Champs-Saint-Thomas est l’ancienne appellation du Champ-de-Mars. C’est trompeur dans la mesure où les deux entités n’étaient pas strictement identiques, les premiers étant bien plus vastes que le second et qu’en l’occurrence nous parlons justement d’un édifice qui ne se trouvait pas dans la partie commune.

[5]À l’époque, Notre-Dame, qui n’a pas encore la splendeur d’une cathédrale, n’est que la chapelle du château et l’église Sainte-Croix, du moins la nef romane qui subsistera tant bien que mal jusqu’en 1860, ne sera inaugurée qu’en 1202. Mais c’est elle qui recevra les reliques de saint Laud. À la fin du XVe s., l’abbé de Sainte-Croix y fera adjoindre un chœur de style gothique flamboyant (deux fois plus long que la nef elle-même), réservé au clergé régulier, la nef romane n’étant plus qu’église paroissiale.

[6]Saint-Lô / Ybert (1840) p. 49 Guillaume YBERT, prêtre, était professeur d’humanités au collège de Saint-Lô.

[7]Histoire du diocèse de Coutances – vol. 2 / l’abbé Lecanu (1878) p. 383

[8]L’Ouest-Éclair (éd. Manche-Orne) 09/12/1933 cité par Wikimanche.

[9]Celle-ci allait de la prison à Notre-Dame. Il serait hâtif de dire que la place de la Préfecture du XIXe s., c’est notre Place Charles de Gaulle. Elle englobait aussi la rue Dusseaux et quelques pâtés de maisons datant de la Reconstruction.

[10]Notices, mémoires et documents publiés par la Société d’agriculture, d’archéologie et d’histoire naturelle du département de la Manche (1864) p. 114

[11]Saint-Lô dans le crépuscule de l’Ancien-Régime / Maurice Lantier (1988) p. 148 – La lettre de 1782 est consignée aux AD du Calvados, cote C1350.

[12]Le district de Saint-Lô pendant la révolution, 1787 – an IV / Madeleine Deries (1922) p. 188

[13]Le district de Saint-Lô pendant la révolution, 1787 – an IV / Madeleine Deries (1922) p. 161

[14]Martin Moriet, curé de Notre-Dame et la vie religieuse à Saint-Lô sous la Révolution (1789-1800) / l’abbé Sevestre –  Journal de la Manche et de la Basse-Normandie 26/02/1921

[15]Le district de Saint-Lô pendant la révolution, 1787 – an IV / Madeleine Deries (1922) p. 243

[16]Le district de Saint-Lô pendant la révolution, 1787 – an IV / Madeleine Deries (1922) p. 248

[17]Martin Moriet, curé de Notre-Dame et la vie religieuse à Saint-Lô sous la Révolution (1789-1800) / l’abbé Sevestre –  Journal de la Manche et de la Basse-Normandie 26/02/1921

[18]Le district de Saint-Lô pendant la révolution, 1787 – an IV / Madeleine Deries (1922) p. 259

[19]Voir, par exemple, pour l’année 1811 : AD 50 – Saint-Lô – registre de catholicité – paroisse Notre-Dame – vue 657. Insistons sur le fait que le site des AD diffuse ce registre au cœur des ceux de Notre-Dame.

[20]Histoire du diocèse de Coutances – vol. 2 / l’abbé Lecanu (1878) p. 383

[21]À l’aller, le cortège était passé par la route des Veys, franchissant le Petit-Vey sur un pont qui n’était encore que provisoire. La construction du pont du Vey, proprement dit, ne sera adjugée que l’année suivante (AD 50 – Didac’doc n° 19 – Voyage officiel de Napoléon et de Marie-Louise dans la Manche, 26 mai-31 mai 1811 (mai 2011)

[22]Journal de l’Empire 04/06/1811

[23]D’où le fait que le décret impérial qui fixe l’ouverture de la session du corps législatif au 16 juin 1811 est daté de Saint-Lô le 31 mai précédent.

[24]Journal de l’Empire 10 & 11/06/1811 Rappelons qu’à l’époque, les maires des grandes villes sont directement nommés par le pouvoir central.

[25]Journal de l’Empire 15/06/1811

[26]Remarquez que la décision qui désaffecte l’église Saint-Thomas pour devenir halle aux grains l’évoque sous le nom d’église Saint-Étienne (Journal de l’Empire 15/06/1811). S’agit-il d’une simple erreur de plume, d’une confusion toute parisienne ? Peut-être pas. Étrangement,  Saint-Étienne c’est le vocable initial de l’église Sainte-Croix, jusqu’à la fin du XIIIe s.

[27]AD 50 – Didac’doc n° 47 (mars 2014) – Manifestation patriotique – Programme de la fête (Saint-Lô, 9 avril 1848)

[28]Route qualifiée de  royale, impériale ou nationale suivant le régime en cours.

[29]Si vous contestez cette locution, faites un mini-sondage dans les rues de Saint-Lô. Tout le monde connaîtra la rue Torteron. Beaucoup saurons encore que la rue tient son nom du ruisseau qu’elle recouvre. Mais combien saurons jusqu’où remontait le ruisseau ?

[30]C’est alors le domaine de la famille HOUËL, sur la commune de Sainte-Croix, plus connu de nos jours comme le quartier du Val-Saint-Jean, l’église Saint-Jean-Eudes etc.

[31]La route de Tessy n’existe pas encore, elle n’est percée qu’en 1828 et ne prendra le nom d’Octave FEUILLET qu’à la fin du siècle. La portion de la rue du Haut-Torteron se situant à l’est de la rue Octave Feuillet ne prendra bien sûr le nom d’Avenue de la Marne qu’après la Première guerre mondiale.

[32]Ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale qu’elle englobera également la partie occidentale de la rue du Haut-Torteron.

[33]Notre Rond-point du 6 juin.

[34]Notre Pont du Contre-Amiral-Merveilleux-du-Vignaux.

[35]Après le percement de la route de Tessy, la partie de la rue Croix-Capey située à l’est de cette rue conservera son nom, mais sa partie occidentale deviendra rue des maréchaux, nom qu’elle avait déjà porté sous la Révolution quand Saint-Lô était devenue Le Rocher de la Liberté et qu’il n’était pas bon d’évoquer ni la croix, ni les CAPET, autrement dit la religion et la monarchie.

[36]Il s’agit de la planche n° 38 de sa série de lithographies Voyage aérien en France. Il en existe deux versions. La locale est publiée par ROUSSEAU, libraire à Saint-Lô. La parisienne, dont le dépôt légal date de 1850, est publiée à Paris chez A. HAUSER. La vue est prise au-dessus de la route de Villedieu.

[37]Notices, mémoires et documents publiés par la Société d’agriculture, d’archéologie et d’histoire naturelle du département de la Manche (1864) p. 4 & Journal de la Manche et de la Basse-Normandie 26/02/1927

[38]Celui qu’a fréquenté Isidore ÉLIE.

[39]Parcelle B 396

[40]Publiée dans la Gazette des tribunaux 11/12/1833

[41]La formule utilisée par le Dr LETURCQ dans sa conférence du 20 février 1927 manque de clarté. Évoquant à son tour les pérégrinations du musée, il dit : « Un deuxième déménagement emporte les collections dans les combles de la vieille église Saint-Thomas, transformée en théâtre. » (Le Journal de la Manche et de la Basse-Normandie 26/02/1927). On comprend donc que l’utilisation des combles comme salle de spectacle est antérieur à l’arrivée du musée. Mais comment les deux activités ont pu s’exercer en même temps, jusqu’en 1859 ?

[42]Lettre du 03/11/1853 adressée par O. FEUILLET au directeur du théâtre de Saint-Lô (Lettres autographes et documents historiques / Maison Jacques Charavay ainé dirigée par Étienne Charavay (1888) p. 11

[43]AD 50 – cote 21 J 4

[44]La Gazette des architectes et du bâtiment (1883) p. 5

[45]HOUSSIN-DUMANOIR

[46]Il s’agira de l’imprimeur Théodore ELIE et des architectes LEMÉNICIER et LECONTE.

[47]MM. BALLU, architecte de l’Hôtel-de-Ville de Paris; DE LALANDE, lauréat de la Société centrale des Architectes, architecte honoraire de la Préfecture de police ; et DESAIN, architecte en chef de la Préfecture de police, membre de la Commission des théâtres.

[48]La Gazette des architectes et du bâtiment (1883) p. 70

[49]AD 50 – 1 Fi 5/618

[50]Voir, par exemple, cette réunion politique du 19 décembre 1886 (L’Estafette 21/12/1886), la conférence du député AUDIFFRED réunissant 200 auditeurs (Le Siècle 28/12/1891)

[51]Vert-vert 17/04/1896 & 24/04/1887

2 réponses sur “L’ÉGLISE SAINT-THOMAS-DE-SAINT-LÔ : DE LA PRISON À LA BONBONNIÈRE (1174-1944)”

  1. Bonjour Christophe,
    Si mes comptes sont bons, 4237 habitants pour St Lo + 400 (au mieux) pour St Thomas et 800 (au plus) pour Ste Croix, nous sommes loin des 7.000 pour les 3 paroisses.
    D’autant plus que les BMS de St Thomas contiennent nombre de sergiers et autres tisserands sur la zone géographique du Bon Sauveur actuel. De quoi minimiser l’influence de la commune de St Thomas au seul quartier du hutrel pour favoriser le regroupement à la ville centre.
    Cela ne remet pas en cause la qualité de cette synthèse locale.
    Amicalement

  2. Je me contente de reprendre les chiffres d’Emile BRIDREY et de l’abbé SEVESTRE en passant par les sources relevées par Madeleine DERIES, sachant qu’on ne peut plus vérifier certaines d’entre elles, détruites en 1944.
    BRIDREY parle de 7000 habitants pour les trois paroisses au moment de la rédaction des cahiers de doléances, début 1789.
    Moins les 4237 pour Notre-Dame (et pas Saint-Lô), ce qui laisse 2700 et quelques habitants à répartir entre les paroisses de Sainte-Croix et St-Thomas dans leurs limites de début 1789.
    J’insiste, on parle à ce moment là des paroisses (pas des communes)
    Oui mais comme, expliqué, quand on va créer les communes quelques mois plus tard, on va amputer Sainte-Croix et St-Thomas de leur partie urbaine. Pour saint-Thomas, il s’agit entre autres de la rue Saint-Thomas, de la rue Croix-Capey, et me semble-t-il de tout ou partie de la rue du Neufbourg
    La commune de Saint-Thomas (qui correspond à la seule partie rurale de l’ancienne paroisse de Saint-Thomas) tombe à 397 habitants en 1793. De même, Ste-Croix tombe à 718 habitants en 1793. Ceci nous fait un total de 1100 habitants (environ) pour ces deux communes rurales.

    Il faut donc comprendre que les parties urbaines prélevées aux paroisses de Saint-Thomas et Sainte-Croix totalisaient environ 1600 paroissiens, sauf si BRIDREY a surévalué ses 7000 habitants

    Bien sûr, il y a une marge d’erreur possible.

    Dans un autre ordre d’idée, quand le Bourg-Buisson sera rattaché à Saint-Lô en 1865-1866, nombre de ses habitants continueront à avoir leurs habitudes religieuses, notamment à se faire enterrer, à Agneaux alors qu’administrativement ils étaient devenus saint-lois

    Autrement dit, et c’est tout le but de mon laïus, quand on vous parle d’un habitant de Saint-Thomas, vérifiez bien si vous êtes avant ou après 1789. Et si vous êtes après 1789, jetez un œil à la fois sur Saint-Lô et sur Saint-Thomas.

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