Le sous-marin Surcouf 

Par Gilles POTIER

Le Surcouf avec son matricule de guerre, 17P ; l’hydravion affecté au Surcouf ; l’insigne des FNFL.

‌1) Le Surcouf est un sous-marin (précisément un croiseur sous-marin) construit à l’arsenal de Cherbourg, entre 1927 et 1929.

Le Surcouf fendant la mer et les flots
A priori cette photo pourrait être datée de 1941 ou 1942
A bord du Surcouf

Il sera armé en 1934. C’était à l’époque un géant des mers dans sa catégorie et il faisait la fierté de la Marine Française. Il sera coulé au large des Caraïbes, en février 1942. Il mesurait 110 mètres de long et avait un équipage de 126 hommes. Il possédait sur le pont à l’arrière du kiosque, un caisson dans lequel se logeait un petit hydravion qui était utilisé pour des opérations de reconnaissance et qui servait aussi pour le réglage des tirs. Seulement pour faire rentrer l’hydravion dans le caisson, il fallait démonter les ailes et le flotteur central…

– Au début de la guerre en 1940, le Surcouf qui était en carénage à Brest, réussit de justesse à échapper aux Allemands et à rejoindre l’Angleterre. Il devint alors Outre-Manche, l’un des fleurons des Forces Navales Françaises Libres (FNFL).

Insigne des FNFL : losange bleu, liseré blanc, Croix de Lorraine tréflée rouge (les couleurs de la France), avec la mention : France Libre

– En 1941, il sera surtout chargé d’escorter les navires marchands qui traversaient l’Atlantique nord, au départ des Etats-Unis et du Canada, pour se rendre en Angleterre. Il sera commandé à partir d’octobre 1941, par le Capitaine de Frégate, Louis Blaison.

– Au début du mois de décembre 1941, il fait escale à Halifax (capitale de la Nouvelle-Ecosse, à l’Est du Canada).

– Le 24-12-1941, le Surcouf et trois autres bateaux de la Marine, prennent le contrôle de l’archipel Français de Saint-Pierre et Miquelon (proche d’Halifax), qui était dirigé par le Gouvernement de Vichy (donc soumis aux Allemands). Ainsi Saint-Pierre et Miquelon (5 à 6.000 habitants et à environ 4.500 km de la France) sera rallié à la France Libre.

Timbre émis en 1961, pour commémorer les 20 ans du ralliement de Saint-Pierre et Miquelon à la France Libre.

– Le 14-01-1942, il revient à Halifax, pour faire des réparations et début février il se rend aux Bermudes.

– Le 12-02-1942, il appareille des Bermudes, destination le Pacifique, via le canal de Panama. Sa destination finale étant l’Australie.

– Le 18-02-1942, il est coulé dans le golfe du Mexique, en Amérique centrale. Soit il est éperonné par un cargo, soit et c’est le plus vraisemblable il est attaqué par erreur par des avions américains, qui ont pu le confondre avec un sous-marin Allemand ou Japonais. Abordage ou méprise, le Surcouf va sombrer avec ses 130 hommes (il n’y aura aucun survivant).

2) En 1951, est érigé à Cherbourg, sur la petites jetée de l’avant-port, un monument à la mémoire des 130 disparus du Surcouf (127 Français et 3 Britanniques).

Monument du Surcouf face au port de plaisance, avec la Croix de Lorraine
Monument du Surcouf vu de la jetée
Plaque commémorative avec la liste des Sous-Mariniers

Liste détaillée des victimes du site MémorialGenWeb : https://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/resultcommune.php?idsource=6012&dpt=50

Blason de la plaque commémorative
 Insigne des Sous-MariniersInsigne Marine ronde à barrette : de haut en bas : le nom Surcouf, la couronne de la noblesse, les armoiries de Robert Surcouf (lion + 3 coquilles), la légion d’honneur ; et sur les côtés : le sabre des officiers, la hache des guerriers et les fameux pistolets de corsaire

Le monument est inauguré le 23-09-1951 par le Général De Gaulle, qui n’était pas encore Président. Vu côté mer, le monument en granit représente l’étrave du sous-marin sur laquelle est appliquée une grande Croix de Lorraine. Au-dessus, c’est le kiosque du sous-marin d’où émerge un périscope. Vu de face, côté jetée, le périscope en bronze se remarque bien. Et puis dans la partie principale du monument, se trouve une grande plaque en bronze où sont inscrits les noms des disparus. Et en-dessous, il y a une branche de palmier avec l’insigne des Sous-Mariniers : une rose des vents, un sous-marin à l’horizontale et un glaive à la verticale (voir photo). Dans les angles de la plaque en haut, on peut remarquer des blasons faisant référence à l’homme qui a donné son nom au sous-marin. Ainsi il y a : le S de Surcouf ; un lion à l’horizontale ; trois coquilles posées sur un chevron ; le sabre des officiers (Surcouf était capitaine) ; la hache, signe distinctif des guerriers ; la légion d’honneur attribuée à Surcouf (voir photo). Détail  des armoiries de Robert Surcouf : d’argent au chevron de sable chargé de trois coquille d’or, au chef de sable chargé d’un lion passant d’or (le reste est venu plus tard…).

Bâtiments disparus, cités dans le texte (colonne centrale) : Narval-Surcouf-Alysse-Mimosa

Nota : Dans la partie supérieure de la plaque commémorative du Surcouf, se trouve la liste des Sous-Mariniers disparus lors du naufrage du sous-marin. Et dans la partie inférieure de la plaque, on trouve une liste de bâtiments (civils et militaires, soit en tout 31), faisant partie des Forces Navales Françaises Libres et ayant sombrés  pendant la guerre (dont bien sûr le Surcouf ; ainsi que deux corvettes, Alysse et Mimosa, qui faisaient partie des trois bateaux escortant le Surcouf, lors de la prise de Saint-Pierre et Miquelon, le 24-12-1941 ; à cela, il faut ajouter le sous-marin Le Narval, dont le nom sera cité à propos d’un livre mentionné en fin du présent article).

3) Un jour, un Canadien du nom de George YOUNG, d’origine anglaise mais vivant au Canada, se rend à Cherbourg pour voir le monument du Surcouf, en souvenir d’un bon copain qui était mort dans le naufrage du sous-marin.

Détail de la plaque commémorative, avec le nom de P. RASO (4e colonne en partant de la gauche)

Il s’agissait de Pierre RASO, quartier-maître électricien, né à St-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes) le 16-07-1918. Or son nom n’était pas inscrit sur le monument aux morts du Surcouf. George YOUNG s’adressa alors au Ministère des Armées et après enquête on reconnu que le nom de Pierre RASO ne figurait pas dans la liste officielle des disparus, publiée le 10 octobre 1942, mais qu’il faisait bien partie de l’équipage du Surcouf quand le sous-marin a sombré. On décida alors de rajouter un nom sur la liste de la plaque commémorative. Et effectivement on remarque bien que le nom de Pierre RASO a été rajouté (mais il n’est pas tout à fait dans l’ordre alphabétique, faute de place). Cette histoire m’a été racontée en 2015 par un cousin vivant à Saint-Pierre et Miquelon, qui a bien connu George YOUNG et qui se rappelle bien lorsqu’il était gamin, avoir vu le Surcouf, croiser au large de Saint-Pierre et Miquelon.

4) Parmi les disparus du Surcouf, on trouve aussi, au début de la plaque commémorative, un nom qui nous intéresse :

Voir avant-dernière ligne, côté gauche, Médecin 1ère classe : R. LE BAS

celui de René LE BAS, en qualité de Médecin. Ce marin est né à Caen le 26-03-1915 mais ses parents viendront habiter Cherbourg ou Valognes quelques années plus tard. C’est donc un enfant du pays. En 1940, il sera le premier Médecin de la Marine Nationale à rejoindre l’Angleterre pour s’engager dans les Forces Navales Françaises Libres. En 1982, il donnera son nom à l’Hôpital des Armées de Cherbourg, qui était précédemment l’Hôpital Maritime. Après la fermeture de l’hôpital en 2002, les lieux sont devenus « l’Espace René LE BAS ».

Ci-dessous un Lien où on pourra voir une série de photos du Surcouf :

https://www.fortlitroz.ch/le-croiseur-sous-marin-surcouf-france/

Et pour ceux qui veulent vraiment approfondir la question, à Cherbourg c’est facile avec les Archives de la Marine, rue de l’Abbaye. Voir Lien ci-dessous :

https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/le-shd-en-france/cherbourg-centre-historique-des-archives-de-la-marine-en-atlantique-et-dans-le

Quatre livres pour en savoir plus, dont une réédition et un livre en anglais :


L’Epopée du Surcouf / Editions Bellenand, Paris / 1952 par Maurice Guierre (Capitaine de vaisseau). 

Le Croiseur sous-marin Surcouf / Editions Marines, Nantes / 1996
par Claude Huan (Capitaine de vaisseau).

Réédition du livre précédent (photo couverture différente) / Marines Editions, Rennes / 2011

Who killed Surcouf (Qui a tué Surcouf) / Edition anglaise / 1986 (+ rééditions)
par George Young (celui dont il a été question dans le texte au sujet de Pierre Raso).

Nota : On peut mentionner également le livre de Maurice Pasquelot, paru aux Presses de la Cité en 1981 : Les Sous-marins de la France Libre (précisément 5 unités : Junon, Minerve, Narval, Rubis et Surcouf).


Présentation du Surcouf avec l’équipage aligné sur le pont.

Une réponse sur “Le sous-marin Surcouf ”

  1. Merci pour cet article intéressant.
    Pour info :
    René LEBAS dont le père Joseph Edouard né le 3/11/1884 Valognes – + 7/9/1952 Fermanville fut directeur de la laiterie coopérative de Valognes « VALCO ». Il fut très impliqué dans la Résistance à Valognes (Guerre 1939-1945);
    Il était fils de Alphonse Jacques LEBAS x Marie Rosalie NOEL fille de Bon Jacques François NOEL né le 28/8/1829 Barfleur – + 27/9/1890 St Vaast x 1861 Tocqueville avec Nathalie Bonne BIRETTE née 22/91834 Tocqueville – + 8/6/1872 Réville.
    Marie Rosalie NOEL soeur du grand-père de Jean-Noël (mon mari) : François NOEL x Claire BOYER
    Voir GENEA50, arbre de Jean Noël DESPREZ

    Nota : un ouvrage « Valognes le Versailles Normand pendant la 2nde guerre mondiale » de Dominique FRANCOIS explique bien le parcours de résistant du père de René Joseph LEBAS

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