Mariage d’une fille sage à un militaire à Montebourg

Par Nicolas BERTRAND & Thomas GAUTHRON

En 1811 Nicolas Feron, ancêtres de Nicolas, est canonnier garde côte dans la 19ème compagnie de l’armée Napoléonienne.

Canonnier Garde Côtes 1803-1812 – source Arijit Bagchi

Le 9 juin 1811 à Montebourg a lieu le mariage entre Jeanne Marie Madelaine Bellery et Nicolas Feron qualifiés de « fille sage à un militaire« . Cette union est « exécutée » suite à un arrêté du préfet « à l’occasion de la naissance et du bapteme de sa majesté le Roi de Rome« .

Acte n°43 – pages 19 à 21

Napoléon François Joseph Charles dit Napoléon II, roi de Rome, est le fils de l’empereur Napoléon Bonaparte et de Marie-Louise de Hasbourg-Lorraine. Il est né le 20 mars 1811 puis baptisé, lors d’une grande cérémonie, à Notre-Dame de Paris, le 9 juin 1811.

Napoleon II source Wikipédia

Nous sommes en présence d’un « mariages de la Rosière » dont l’article suivant https://shs.cairn.info/revue-napoleonica-la-revue-2009-1-page-11?lang=fr nous explique les origines et fonctionnement.

Pour ceux qui n’ont pas le temps de lire tout l’article, en voici une rapide synthèse. Napoléon avait le soucis de la réinsertion de ses anciens soldats dans la vie civile, notamment par le mariage. Les autorités publiques devaient organiser les mariages d’honorables vétérans avec de jeune filles pauvre et vertueuse (dites des « rosières » en référence à la fleur du rosier signe de pureté) qui recevaient à cette occasion une dot du gouvernement.

Des arrêtés en ce sens étaient pris lors de dates symboliques du régime. Exemple avec l’arrêté du 13 prairial an XII (02 juin 1804) suite à la proclamation de Napoléon Bonaparte comme empereur des Français sous le titre de Napoléon Ier du 18 mai 1804. D’autres événements ou anniversaires d’évènements donnèrent lieux à décrets identiques. Effectivement le baptême du fils de l’Empereur est bien référencé comme événement occasionnant des « mariages de la Rosière ».

Transcription de l’acte de mariage par Nicolas :

« / » indique que l’acte passe à ligne suivante

L’an mil huit cent onze, le neuf juin à huit heure du matin dans la / maison commune./
Par devant nous Louis Charles Delaporte, maire et officier de l’état civil / de la commune de
Montebourg, chef lieu de canton Département de la / Manche./
En exécution d’un arrêté de Monsieur le Préfet de la manche, baron / de l’Empire, en date du vingt
quatre avril dernier, portant que cette commune / mariera une fille sage à un militaire, à l’occasion
de la naissance et du / bapteme de sa majesté le Roi de Rome, et en vertu de délibération du conseil
/ municipal de ce bourg
en datte du treize mai aussi dernier homologué et / approuvée par Monsieur
le préfet de la Manche, en datte du vingt sept / mai mil huit cent onze, par laquelle delibération
Jeanne Marie / Madelaine Bellery a été choisie. /
Vu la permission de Mariage accordée à Nicolas Feron, / canonnier garde côte dans la dix neuvième
compagnie
, par le conseil / d’administration desdit canonnier garde côte, dattée de cherbourg le /
vingt un mai mil hui cent onze./
Sont comparu Nicolas Feron, canonnier garde cote de la dix neuvième / compagnie en garnison à la
hougue, demeurant ordinairement en cette / commune, âgé de vingt sept ans dix mois vingt jours,
né en ce / lieu le trente aout mil sept cent quatre vingt trois, fils majeur de feu Jean / François Feron,
et de feu Jeanne Françoise Laneele d’une part : /
Et Jeanne Marie Madelaine Bellery, ménagère / demeurant en ce bourg, âgée de vingt trois ans onze
mois, / moins treize jours, née en ce lieu le vint deux juillet mil sept / cent quatrevingt sept, fille
majeure de feu Louis Bellery et de Louise / Dorez, ici présente et consentante d’autre part. /
Lesquels ont déposé sur le bureau 1° leur actes de naissances cy devant / evangélisées /
2° l’acte de décès du père du futur qui a eut lieu en cette commune / le vingt un décembre mil huit
cent dix
3° celui de sa mère qui a eut lieu a Montebourg, le premier / complémentaire l’an quatrième de la
Republique française /
4° l’extrait de décès du père de la future épouse, lequel a eut / lieu en cette commune le premier
ventose de l’an cinq de la Republique / française /
5° l’extrait de décès de l’ayeul paternel dud futur qui a eut lieu / aussi à Montebourg, le quinze
octobre mil sept cent soixante cinq /
6° celui de l’ayeule paternelle du futur, lequel a eut lieu en ce bourg / le vingt mai mil sept cent
soixante cinq /
7° l’acte de décès de l’ayeul maternelle dudit futur, qui a eut lieu / en la commune d’Eroudeville,
canton de Montebourg, le dix sept / novembre mil sept cent soixante deux.
8° l’extrait de décès de l’ayeule maternelle du futur epoux, lequel / a eut lieu en la commune
d’Eroudeville, le treize octobre mil sept / cent cinquante quatre /
9° la permission donnée par le conseil d’administration du canonnier / garde côte, dattée de
Cherbourg le vingt un mai dernier /
Lesquels futurs nous ont requis de proceder a la celebration du / Mariage projette entr-eux et dont
les publications ont été faites en cette / commune les dimanches dix neuf et vingt six mai dernier,
devant la / principalle porte d’entrée de la maison commune, à l’heure de midi. les tesmoins / cy
après nommés ont juré et affirmé après avoir entendu la lecture des / extraits cy devant
evangelisées, que dans l’acte de naissance / du futur on a omis les prenoms de son père françois et
celui de sa mère / françoise et que si son acte de naissance les porte differemment ce n’est / que par
erreur; les dittes affirmations faites en resultance de l’avis / du conseil d’etat approuvé par sa
majesté le trente mars mil huit cent dix /
Aucune opposition aux dits futur mariage ne nous ayant été / signifiées vu le consentement donné a
l’instant par la mère de la future au / présent mariage, faisant droit a leur réquisition après avoir
donné lecture / de toutes les pièces cy dessus mentionnées et du chapitre six du titre du code /
Napoléon intitulé du mariage, avons demandé au futur epoux et a la future / epouse s’ils veulent se
prendre pour mari et pour femme, chacun d’eux / ayant repondu separement et affirmativement,
declaront au nom de la loi / que Nicolas Feron et Jeanne Marie Madelaine / Bellery sont unis par le
mariage de quoi nous avons dresse acte / en présence de /
1° du Sieur Jean Lefache, propriétaire adjoint majeur, âgé de soixante / trois ans, demeurant en cette
commune, cousin de l’epoux /
2° de Georges Gaillotte, boulanger, majeur, âgé de soixante ans, / même domicile, oncle de l’epouse
du côte paternel /
3° de Louis Bellery, tisserans, majeur, âgé de vingt un ans et demi, / demeurant en ce lieu, frère de
l’epouse /
4° de François Dorez, boucher, majeur âgé de trente ans, même / domicile cousin de l’epouse. /
Et ont lesdits epoux, la mère de l’epouse, lesdits tesmoins, leur parents / et amis et les differents
fonctionnaires de cette commune signé avec nous / officier de l’etat civil au present acte de mariage,
après que lecture leur en a / été faite. /
Fait à Montebourg le jour mois et an que de plus cinq mots rayés nuls / et les mots trois dix, huit et
l’epouse surchargés bons /
Les signatures
Jeanne Bellery, Feron Nicolas, illisible, Louis Doré, Bellery, G Guillote, F Dorez, L Delaporte

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