par David Châtel
Aujourd’hui, nous allons nous plonger dans le registre de Pierreville, situé dans la Manche, pour l’année 1729. Le prêtre de la paroisse a méticuleusement utilisé trois feuillets de quatre pages recto verso pour consigner les baptêmes, mariages et inhumations de sa communauté. Chaque feuillet lui a coûté une fiscalité de 16 deniers, soit un total de 48 deniers. Avec 12 deniers équivalant à 1 sol, les pages du registre ont donc coûté au prêtre 4 sols au total.
Illustration. Tampon fiscal de seize deniers de la généralité de Caen présent sur le registre
En fin d’année, les feuillets ont été reliés en un registre de 12 pages, ensuite signé par le bailli de Valognes.
Illustration. 2 sols de 1739 en vente actuellement sur ebay
La deuxième de couverture du registre révèle une magnifique illustration imprimée, qui n’est pas l’œuvre du prêtre. Cette illustration représente quelques cartes à jouer de l’époque, avec des prénoms tels que David, Charles ou judic. Mais savez-vous quelle en est la signification ?
Les cartes à jouer traditionnelles françaises ne sont pas seulement des objets de divertissement, elles sont également porteuses de significations profondes et historiques. Chaque figure – roi, dame, valet – porte un prénom spécifique, souvent associé à des personnages historiques ou fictifs ayant marqué l’imaginaire collectif. Mais la richesse des cartes à jouer françaises ne s’arrête pas aux figures. Les symboles eux-mêmes – cœur, carreau, trèfle, pique – possèdent des significations profondes. Le lys, signe de la royauté, étaient représenté sur les cartes, soulignant le lien avec la monarchie française. Chaque enseigne porte également une valeur symbolique particulière : le cœur représente la bravoure, le carreau la stratégie, le trèfle le fourrage nécessaire aux armées durant les campagnes, et le pique symbolise les armes
Rois
•Roi de cœur : Charlemagne
•Roi de carreau : César (Jules César)
•Roi de trèfle : Alexandre (Alexandre le Grand)
•Roi de pique : David (le roi biblique)
Dames qui puisent principalement leurs origines dans la Bible.
•Dame de cœur : Judith (une héroïne biblique)
•Dame de carreau : Rachel (une autre figure biblique)
•Dame de trèfle : Argine (un anagramme de Regina, le latin pour reine, parfois associée à Anne de Bretagne)
•Dame de pique : Pallas (Athéna, la déesse grecque de la sagesse)
Valets (Traditionnellement la plus faible des figures (sauf lorsqu’il est atout à la belote), le Valet revêt traditionnellement un rôle de serviteur dévoué.)
•Valet de cœur : Lahire (Étienne de Vignolles, un compagnon d’armes de Jeanne d’Arc surnommé “la Hire-Dieu”, du vieux français la IRE de Dieu ou colère de Dieu)
•Valet de carreau : Hector (souvent associé au héros troyen de l’Iliade et d’autres fois associé à Hector de Galard qui était beaucoup plus connu en France par sa bravoure et certaines activités sécuritaires discrètes ou secrètes aux services de Charles VII et Louis XI plus généralement confiées à l’Ordre de Saint Michel appelé aussi l’Ordre du Roi, dont il était Chevalier et Grand Maître.
•Valet de trèfle : Lancelot (le chevalier de la légende arthurienne)
•Valet de pique : Ogier (chevalier Danois légendaire, évoqué notamment dans les chansons de geste, qui était l’un des fidèles de Charlemagne.)
Sources : Bridge club haut Poitou – Le blog d’Annbourgogne – Larousse. Fr
David CHÂTEL