Filatures dans la Hague (1830 – 1903) . Une révolution industrielle ?

Dès le début du XIXe siècle, apparurent dans le département des filatures de taille et d’importance variées. La Manche en compta trente-cinq en 1855, dont deux très importantes de coton dans le Cotentin, Le Vast et Gonneville, elles aussi bien connues. Il y en eut sans doute plus, certaines petites n’ayant pas été recensées.

par Véronique GAIGNARD

Reprise d’un article publié dans la Revue de la Manche (janvier-février-mars 2017 Tome 59, fascicule 235) avec l’aimable autorisation de la Société d’Archéologie et d’Histoire de la Manche. Nous avons ajouté le lien url de la base Généa50 pour les protagonistes de l’article retrouvés.

La Normandie fut longtemps une des régions textiles les plus prospères, et ses sites majeurs ont fait l’objet de nombreuses études approfondies tant au niveau statistique que sociétal1. Le Nord Cotentin n’y a pas joué un rôle capital mais les draps de Cherbourg et de Valognes ont mérité l’attention de deux auteurs locaux, Auguste le Jolis pour Cherbourg et Jeanne-Marie Gaudillot pour Saint-Lô et Valognes2. Ces travaux ne concernaient toutefois que le XVIIe et le XVIIIe siècle.

Dès le début du XIXe siècle3, apparurent dans le département des filatures de taille et d’importance variées. La Manche en compta trente-cinq en 18554, dont deux très importantes de coton dans le Cotentin, Le Vast et Gonneville, elles aussi bien connues5. Il y en eut sans doute plus, certaines petites n’ayant pas été recensées6.

Nous nous intéresserons ici à quatre établissements situés dans la Hague (Gréville, Nacqueville, Urville et Teurthéville), ainsi qu’à leurs propriétaires. Celle de Martinvast sera brièvement évoquée, car cette filature est en un lien avec deux entreprises citées ici.

Les sources utilisées sont principalement issues des actes notariés, auxquels il convient d’ajouter le cadre napoléonien et les matrices d’imposition anciennes quand elles existent. L’ Annuaire des cinq départements de l’ancienne Normandie ainsi que l’Annuaire Almanach du commerce ont donné aussi des informations statistiques.

Bien que le filage au rouet et à la quenouille ait subsisté dans les campagnes durant tout le XIXe siècle, sont apparues dès la fin du XVIIIe, à la suite de l’Angleterre, des métiers à filer de plus en plus perfectionnés. Des filatures se sont installées au bord des cours d’eau pour utiliser la force hydraulique qui pouvait ainsi mouvoir trois sortes d’appareils : le loup-batteur, les cardes, et le métier à filer proprement dit. La présence d’eau était également requise pour le lavage de la laine et pour la teinture des fils.

La transformation de la laine en fil destiné au tissage ou au tricot passait par huit étapes:

-le lavage des toisons dans des bassins le long du ruisseau,
-le brassage qui, dans les petites filatures comme celles de la Hague, se faisait certainement à la main à l’aide de bâtons;
-Le séchage dans le grenier;
-Le battage dans un loup-batteur;
-L’ensimage, avec un mélange d’eau et d’huile pulvérisé;
-Le cardage;
-Le filage;
-La mise en écheveaux;
-La teinture.

Dans les filatures étudiées ici, nous retrouverons ces différentes opérations au travers des installations et du matériel cité

Situation des filatures étudiées

1. Gréville

L’établissement le plus ancien se situait à Gréville où passe la Sabine, ruisseau qui forme la limite avec Eculleville. Comme toutes les filatures, celle de Gréville fut installée dans un moulin à froment. Les frères Jean Paris et Etienne Paris 7, naquirent à Éculleville et épousèrent deux sœurs Le Moigne de Gréville. Deux familles de propriétaires firent ainsi alliance et les frères qui restèrent associés dans leurs propriétés et dans leurs entreprises occupèrent une place importante parmi les notables des deux communes. Le cimetière d ‘Éculleville compte nombre de tombes Paris dont la plus ancienne est datée de 1630.

Les deux frères détinrent trois moulins sur la Sabine :

Celui proprement dit de la Sabine, hérité de leurs épouses et construit par leur beau-père8, celui d’Eculleville, aujourd’hui en ruines, et celui du Val Ferrant qu’ils transformèrent en filature de laine en 1829 ou 1830. Il y a un doute quant à la date car deux sources se contredisent. En effet, l’Annuaire du Commerce indique le Val Ferrant comme filature de laine Paris dès 18309, alors que la matrice d’imposition de Gréville enregistre le Val Ferrant comme moulin à grains jusqu’en 1834, puis comme filature à partir de 1837.

Les deux frères sont signalés comme filateurs de laine, meuniers et huiliers. Le moulin du Val Ferrant a t-il continué à moudre du blé au rez-de-chaussée, tandis qu’à l’étage étaient installées les cardes et le mécanisme de filature ? C’est probable car à partir de 1863, date du partage des biens d’ Etienne, le moulin du Val Ferrant n’est plus inscrit que comme moulin à grains10.

Lors des travaux réalisés par les propriétaires actuels, les meules à grain étaient toujours en place. Cette configuration de moulin à deux usages, la filature étant à l’étage, se retrouve d’ailleurs dans d’autres établissements de même taille11.

Extrait du cadastre de 1809 où figure le bief qui passe à l’arrière des bâtiments. Arch. dép. Manche.

La Sabine qui passe aujourd’hui devant la maison, était alors en partie détournée à l’arrière par un bief désormais comblé. Sa trace devenue limite de parcelle subsiste sur la carte cadastrale actuelle.

En aval du moulin se trouvaient des bassins maçonnés en pierre qui servaient au lavage de la laine et peut-être aussi à la teinture. Cette activité de teinture sur place est confirmée par un article publié dans le Journal de Cherbourg du 7 avril 1842 :

« A comparu un enfant de treize ans, nommé Jean-Baptiste Boivin, employé de Messieurs Paris. Ceux-ci ayant remarqué, le 8 mars dernier qu’une caisse, renfermant de l’indigo, avait été ouverte par effraction et qu’on avait soustrait environ un demi kg de cette substance colorante, avertirent de ce fait, les gendarmes de Beaumont, qui se livrèrent la recherche de l’auteur du vol. Le jeune Boivin confessa que c’était lui qui avait ouvert la boîte à l’aide de tenailles, et qu’il en avait enlevé un morceau sans en connaître la valeur. Peut-être en présence de cet aveu, eut-il paru convenable à la majorité des hommes éclairés de ne donner aucune suite à l’affaire ; mais les propriétaires de l’indigo et les « bons » gendarmes en décidèrent autrement. On ne fit aucun quartier au coupable qui fut conduit de Beaumont à Cherbourg comme un vrai criminel. Les témoins ne peuvent, sur le fait, fournir d’autres explications que celles résultant des aveux du prévenu, mais tous s’empressent de rendre le témoignage le plus favorable de la moralité du père Boivin, qui les larmes aux yeux était venu s’asseoir près de son fils. Celui-ci est interrogé et répète ce qu’il a dit aux gendarmes ; et après la plaidoirie Maître Foulon, son avocat, il est déclaré non coupable et rendu à la liberté. »

Cet article, outre qu’il confirme la teinture sur place, nous indique aussi l’achat de produits tinctoriaux importés, du moins pour le bleu12. L’enquête administrative de 1808 sur les textiles fabriqués à Cherbourg notait pour le droguet uni l’utilisation d’indigo des colonies13. Cette pratique de la teinture sur place se retrouve dans les quatre établissements évoqués ici. Il est raisonnable de penser qu’un même teinturier intervenait dans plusieurs filatures. Ainsi Jacques Hubert, puis Adolphe Adam, teinturiers à Beaumont, ont peut-être oeuvré aussi bien à Gréville qu’à Urville et Nacqueville.

Le long de la Sabine, du côté de Gréville, se trouvent plusieurs petits champs nommés « les teinturières », entre le moulin d’Éculleville et celui de la Sabine, à l’aplomb d’un ancien bassin sur le ruisseau signalé sur le cadastre napoléonien. Les écheveaux de laine étaient-ils teintés à cet endroit comme tout le laisse à penser ou plutôt dans les bassins près de la filature ? Difficile aujourd’hui de le savoir, la crue de 1992 ayant emporté ce qu’il restait des bassins près du moulin du Val Ferrant.

Extrait du cadastre de 1809 de Gréville. Les parcelles portant les n°52, 53, 54 correspondent à celles dénommées aujourd’hui Les Teinturières. Arch. dép. Manche.

C’est Étienne Paris, le frère cadet, qui reçut le moulin du Val Ferrant lors du partage des biens avec son frère14. Partage sur le papier uniquement puisqu’ils continuèrent à exploiter ensemble comme l’indiquent les matrices d’imposition. Nous n’avons, hélas, aucune description des installations car il n’y eut pas d’inventaire après le décès d’Etienne contrairement à son frère. Le fils d’Etienne, Jean Paris15 en hérita et le vendit en 188216 à André Lemoigne17, aïeul des occupants actuels.

En résumé, l’activité de filature de laine a duré au plus trente-trois années aux soins des mêmes exploitants.

2. Nacqueville

A l’est de la Sabine, la Biale prend sa source au lieu-dit les Delles sur la commune de Sainte-CroixHague, puis traverse Branville avant de rejoindre Nacqueville, puis Urville. La filature de Nacqueville a représenté une énigme dans un premier temps car les archives municipales, dont l’ancien cadastre ont été détruites. Après l’exploration de plusieurs hypothèses, on peut conclure que c’est le moulin Gardier qui abritait la filature, comme l’ont confirmé les actes notariés.

Carte Mariette de la Pagerie 1689, où l’on retrouve les moulins de Franctère, Gardier, la maison d’Urville et le moulin Folliot devenu filature, Malgreux ne figure pas sur cette carte. Arch. dép. de la Manche.

En 1833, Casimir de Vauquelin, qui réside à la Maison de Branville bailla aux sieurs François -Marin Mesnil18 et Jacques Anquetil :

« Une maison à usage de moulin destinée à recevoir une mécanique ou filature à laine. » Suit la description des pièces et des dépendances, avec les prescriptions suivantes :

« Il fera ouvrir les croisées nécessaires à l’établissement, il fournira un arbre à moulin, une roue dehors et un hérisson et une petite lanterne et un arbre de couche. Le bâtiment n’étant pas assez vaste, Mr de Vauquelin le fera agrandir de manière à ce que le rez-de-chaussée ait une largeur de six mètres quatre cents quatre-vingt seize millimètres environ sur une longueur de neuf mètres sept cent quarante-cinq millimètres… Les côtières auront une élévation de cinq mètres cinq cent vingt et un millimètres au -dessus du sol.

Il y aura sur la façade cinq pleines croisées et la porte composée de deux panneaux dont un vitré à hauteur d’appui, deux croisées au premier étage, du côté du couchant et une demi-croisée au nord dans le pignon, la porte vitrée sera fermée d’un contreheur. L’étang dit étang de Gardier et son petit réservoir seront remis en état, ainsi que leurs accessoires. Le rez-de-chaussée de l’usine sera pavé.19»

On peut s’étonner des attentions bienveillantes du propriétaire, Mr de Vauquelin à l’égard de ses futurs locataires. L’oncle de ce propriétaire était Jean-François de Vauquelin du Tourps, qui touchait la rente de fieffe de la filature de coton de la Couldre près de Valognes. Le propriétaire du moulin de Nacqueville était donc bien informé de l’intérêt économique d’une telle installation, bien que celle-ci fût nettement moins conséquente que la Couldre20.

Extrait du cadastre avec la parcelle où se trouvait le moulin de Gardier, l’emplacement de l’ancien bief est surligné en rouge.

Les locataires étaient beaux-frères et natifs de Saint-Germain-des-Vaux. Ils sont signalés comme marchands merciers lors de l’achat puis filateur de laine pour François Mesnil et fileur pour Jacques Anquetil lors du renouvellement de bail en 184221. François Mesnil avait pour oncle maternel un commissaire en filature d’Elbeuf formé à Rouen22 qui fut certainement à l’origine de cette vocation et peut-être de la fourniture du matériel de filature. La dénomination, filateur pour le maître, fileur pour l’ouvrier se retrouve ailleurs en France23. Au décès de M. de Vauquelin, c’est une de ses filles, Delphine Legrand qui hérita de la filature24 et renouvela le bail en 1842 puis décida en 1845 de la vendre à Louis Vincent.25Né à Trois-Monts, près de Caen, celui-ci avait appris le métier de fileur de coton chez Sellier26 à Gonneville. Le moulin de Gardier devint désormais filature de coton. L’acte stipule, outre les restrictions habituelles liées à l’usage de l’eau, qu’il était interdit à l’acheteur de transformer cette usine (sic) en moulin à blé, engagement qu’avaient déjà pris Delphine Legrand et son mari. Louis Vincent fit publier le 5 octobre 1845 une annonce indiquant qu’il cherchait un jeune homme désirant apprendre le métier de filateur de coton en tant que contremaître27.

Louis Vincent mourut cinq ans plus tard à 57 ans. Certains de ses enfants étant mineurs, un curateur M. Le Vitre fut nommé. Il fit vendre l’établissement aux enchères, puis son contenu mobilier. Fort heureusement ici, le matériel était décrit28 notamment :

Les accessoires de l’usine qui sont devenus immeubles par destination, lesquels se composent de ventilateur, cardes doubles et simple, laminoir, métier à filature, une jennymule et dévidoir.

Il nous a semblé utile de décrire ces machines typiques d’une filature artisanale, ainsi que l’enchaînement des opérations.

Nous l’avons vu, après séchage, la laine passe dans un ventilateur, appelé parfois aussi loup-batteur . Ce cylindre en bois est muni de piques en fer fixes sur le pourtour interne et en son centre d’un axe épais sur lequel sont installées d’autres piques métalliques. La laine, en passant entre les crocs se trouve nettoyée des déchets, paille ou crottes qu’elle emprisonne encore, et s’aère à nouveau car le séchage l’avait tassée. Suit l’ensimage qui consiste à imprégner la laine d’un mélange d’eau et d’huile29 pour faciliter le passage dans les cardes, cardes généralement au nombre de trois.

Loup-batteur. filature des Calquières, Langogne (48).

Le cardage (issu du mot chardon) est l’opération qui consiste à allonger les fibres et à les étirer. Pour les laines locales on ne peut espérer des fils aussi longs que des moutons mérinos, tout au plus dix centimètres30. La première carde transforme la laine en une nappe, la seconde divise la nappe en mèches qui sont bobinées. Les mèches sont ensuite simultanément introduites dans la troisième carde qui les étire pour en faire un fil continu, mais pas tordu, donc fragile. Ces cardes, on l’a vu, sont mues par la force hydraulique. Des courroies actionnant des poulies folles quand la machine est au repos, sont déplacées manuellement pour mettre les machines en mouvement.

Carde fileuse ; Filature des Calquières. Langogne (48).

Un métier à filer est mentionné ici avant la mule-jenny. Il peut s’agir d’un continu, qui étire le fil une première fois.

Les cônes sur lesquels est enroulé le fil étiré sont ensuite alignés sur la mule-jenny31.

Cette machine, ancêtre des filatures industrielles a été mise au point en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle puis copiée clandestinement en France et sans cesse améliorée. Pouvant comporter jusqu’à 300 broches alignées, elle étire automatiquement le fil et lui donne la torsion voulue. Quand un fil casse, seul un enfant peut passer dessous pour rattacher les fils. Seules des personnes entrainées savaient, au bruit, quand repousser le chariot de cette machine, difficile à manier. Il fallait également, grâce au doigté, doser la torsion du fil en fonction de son usage futur, un fil de chaîne devant être davantage torsadé et donc plus solide qu’un fil de trame32. Le fileur devait surveiller le bon déroulement de chaque bobine et arrêter celle dont le fil cassait. Il y eut de nombreuses versions plus ou moins sophistiquées de cette machine et nous ignorons quel modèle équipait Nacqueville, et l’endroit où elle avait été fabriquée. Beaucoup de ces machines, loup-batteur, cardes, continus, mule-jenny ou laminoir ont été acquises d’occasion dans de grandes filatures de Haute-Normandie ou du nord de la France qui remplaçaient leur matériel pour se développer de façon industrielle33.

Le dévidoir enfin, plus simple, transforme les bobines en écheveaux, prêts à la teinture.

Mule-jenny, Filature des Calquières. Langogne (48).

Lors de la vente aux enchères, le moulin de Gardier fut adjugé 5 500 francs à Jean Auvray, avoué, qui en vendit la moitié indivise à Louis Dubois34 le 6 juillet 185035. Ils constituèrent ensemble une société pour une durée de cinq ans renouvelables et apportèrent chacun 10 000 francs de capital.

Les meubles et objets de la famille du malheureux Vincent furent vendus à la suite sur place et la veuve ne put garder que ses vêtements et quelques menus objets personnels. Louis Dubois était d’ailleurs présent lors de la vente mobilière, ce qui lui permit de se porter acquéreur des cuves à teinture qui ne faisaient pas partie du lot immobilier. Ce Dubois était un propriétaire et armateur de Cherbourg. Il possédait plusieurs maisons cour Marie ainsi que divers biens à Octeville et dans l’Orne d’où sa famille était originaire36. Dans son magasin de la cour Marie, il faisait commerce de quincaillerie et de cordages. Après l’achat du moulin Gardier, il vendait dans son magasin le coton filé à Nacqueville tandis qu’une de ses filles avait installé pour son propre compte dans la boutique paternelle un petit fonds de bonneterie. Nous ne connaissons pas le nom de son contremaître, mais il est certain qu’il n’exploitait pas directement la filature. Dans l’association Dubois-Auvray, c’est lui qui avait la signature, mais pour les deux acheteurs ce fut un placement, un investissement d’hommes d’affaires.

L’histoire se répéta. En effet, cinq ans plus tard, à la mort de Louis Dubois, un inventaire des biens, réalisé en présence de son ex-associé, nous indique des quantités non négligeables de coton. On pouvait donc trouver dans le magasin de la Cour Marie :

495 kg de coton estimé 750 F soit 1,51 F le kg dont on penser qu’il est brut, non encore filé.
100 kg de coton en pelotes estimé 180 F soit 1,80 F le kg
935 kg de coton filé portant les numéros 4 à 10 exclusivement estimés 1683 F soit 1,80 F le kg
95 kg de coton fil numéro 10 estimés 183 F soit 2 F le kg
11kg de coton en bourre estimé 11 F soit 1F le kg
25 kg de coton estimé ensemble 45 F soit 1,80 F le kg

Plusieurs numéros de fil indiquent bien un travail différent suivant les usages auxquels le fil est destiné.

Il est ensuite précisé ceci à la fin de l’acte de succession :

«Ils ont ajouté que la vente de la filature a été tentée deux fois et qu’ils ont cessé les approvisionnements de coton, en sorte que, si la filature continue d’occuper des ouvriers, c’est par suite d’achat de coton fait depuis le décès de M. Dubois et non encore payé.37»

Les héritiers ajoutent, à notre grand regret, « qu’il n’existe aucun livre de comptes de la filature »

Le notaire mit alors le bien en vente par adjudication le 6 août 1855 après en avoir fait l’annonce dans le Journal de Cherbourg du jeudi 2 août.

« A vendre
Après dissolution de société et par adjudication définitive, par le ministère de Marcel Lepoittevin …
Une jolie filature de coton, située à Nacqueville, à 6 km de Cherbourg Cet établissement se compose :

1.D’un corps de bâtiment servant de filature mue par la rivière, dont le cours est assez considérable pour suffire même dans le cas où l’importance de l’établissement serait doublé. Le matériel intérieur consiste notamment en : une forge avec un magnifique tour, six cardes, deux laminoirs,un rota-trotteur, quatre continus, un mull-jenny, dévidoirs etc.
2.D’une maison d’habitation pour le directeur et de divers logements pour les ouvriers.
3. De magasins pour le coton.
4.D’un étang avec chute d’eau.
5. De jardins et herbages contenant environ 1 ha.

Cette propriété est d’une exploitation très facile. Toutes facilités seront données pour le paiement. Mise à prix 15 000 F. L’adjudication sera prononcée même sur une seule enchère. »

La description du matériel immobilier est à comparer avec celle faite six ans plus tôt.

Le nombre de cardes est passé de trois à six, s’y sont ajoutés deux laminoirs qui sont des machines spécifiques au filage du coton. Le ruban de coton étant plus fragile que celui de laine, il faut en regrouper plusieurs qui repassent plusieurs fois dans le laminoir pour n’en faire qu’un, ainsi plus compact, mais non encore tordu38. Le rotta-frotteur (et non trotteur comme il est imprimé), est lui aussi propre à la filature du coton dont il frotte alternativement la mèche pour la rendre solide au sortir du laminoir. Le continu appelé aussi throssle spinning est un métier plus simple que la mulejenny car il n’ a pas de chariot et pas de mouvement alternatif, le fil est bobiné en continu39.

Ne trouvant pas d’acheteur, le fils aîné de Louis Dubois continua l’activité jusqu’en 186440, peut-être au-delà. La crise cotonnière provoquée par la Guerre de Sécession en Amérique ne facilita certainement pas reprise de l’activité. Nous n’avons pu trouver malheureusement à qui ces bâtiments furent cédés. La filature ne put être reconvertie en moulin à grain comme on l’a vu et le bief n’étant plus entretenu se combla de lui-même. Il en est resté la trace assez longtemps sous la forme d’un chemin appelé « la chasse en iau »41, ce qui décrit bien son ancienne utilisation.

3. Urville-Hague

A sept cents mètres en aval sur la Biale, à Urville, subsiste une grande maison ayant connu la même activité qui a donné son nom à la rue de la Filature, autrefois rue aux Païens.

Thomas Duchemin42 acheta à Marie Lesdos un moulin à blé le 22 août 1854 au prix de 8 000 francs43. Ce conducteur de cardes était né à Louviers, ville de l’Eure à la longue tradition textile où il avait appris son métier qu’il continua à exercer à Vire après son mariage avec la fille d’un drapier. Le couple eut deux enfants, un garçon et une fille44, puis, sans que l’on en connaisse les raisons, Thomas Duchemin vint s’installer à Martinvast, où il exerça soit chez Angot, au Pont Cosnard, soit chez Lucas. Son beau-père l’aida à acheter ce moulin sur la Biale en hypothéquant sa maison et en lui prêtant de l’argent. Le reste de la somme fut payé à tempérament avec des intérêts.

Dès l’achat, il informa de son intention de transformer le moulin en filature de laine. Les conditions de vente, comme pour les autres installations hydrauliques, étaient très précises quant à l’entretien du bief, de l’étang de retenue et de l’usage de l’eau qui alimentait aussi le moulin à huile se trouvant juste au-dessus45.

Plan napoléonien. On distingue et la retenue d’eau qui alimente le moulin à huile puis la filature. Arch. dépt. de la Manche.

Là encore la laine était teinte sur place. D’après les sources orales relevées auprès de la dernière descendante de cette famille, les ouvrières auraient été logées au dessus d’une étable appelée la cabane à l’âne46. Ce bâtiment, signalé dans l’acte d’achat, se trouvait de l’autre côté du chemin.

Rue aux Païens et ancienne filature. La « cabane à l’âne« est le dernier bâtiment à gauche. Crédit photo : Manoir du Tourp.

Six années plus tard, Jules Maubuisson47, lui aussi né tout près de Louviers, à Acquigny, vint travailler à Urville comme conducteur de cardes. Il tomba sous le charme de la fille de la maison, Rosalie, l’épousa48 et le jeune couple resta travailler sur place. Après la mort de Thomas Duchemin survenue en 1860, ils poursuivirent l’activité avec leur frère et leur mère. Le frère mourut à son tour en 1874 et le couple devint propriétaire de la filature. Leurs enfants ne continuèrent pas le métier qui tendait d’ailleurs à disparaître. À la mort de Jules Maubuisson en 1903, l’activité textile fut remplacée par un atelier de menuiserie à l’usage du gendre de Jules et Rosalie Maubuisson. C’est à lui que l’on doit la grande cheminée encore visible près de la maison.

Urville-Hague – ancienne filature. Crédit photo : Manoir du Tourp.

Jules Maubuisson vint il par hasard à Urville en effectuant son Tour de France? Ou connaissait-il la famille Duchemin originaire de Louviers comme lui et appartenant au même milieu professionnel ? D’autres questions restent sans réponse.

Combien d’ouvrières employait la filature ? Si Rosalie Maubuisson est bien notée fileuse sur les registres d état civil, les autres femmes ou filles signalées comme fileuses pouvaient tout aussi bien l’être à domicile, au rouet ou à la quenouille. Seules des jeunes filles étaient sans doute hébergées sur place dans ce grenier au-dessus de l’étable.

Un ouvrier filateur (sic) François Le Bourgeois49 habite Nacqueville à cette époque. On retrouve deux actes d’achat de terrain le concernant, en 1853 et 1864. Pour l’un d’entre eux, le vendeur n’est autre que la veuve de François Mesnil, filateur à Nacqueville. Il travaillait probablement chez Duchemin car on le retrouve comme témoin à la fois du mariage de Rosalie Duchemin et Jules Maubuisson, mais aussi lors de la naissance de leur premier enfant.

Selon les dernières sources orales, la laine filée, teinte et mise en écheveaux était vendue sur les marchés de la région, Cherbourg et jusqu’à Saint-Pierre-Église grâce à une charrette attelée à l’âne. Ce débouché vers St Pierre-Eglise est confirmé par le témoignage d’un ancien teinturier retranscrit en 1948 :

« En mélangeant 12 livres de « défilures » de bas et de vieux tricots avec deux livres de laine neuve, on obtenait le droguet ordinaire. La laine était filée dans les ateliers du Vast chez Thin et d’Urville chez Maubuisson. Elle était confiée au teinturier local puis au tisserand. St Pierre-Eglise comptait alors cinquante tisserands. A cette époque on utilisait les droguets unis pour les vêtements des jours fériés, les rayés pour les jupes de travail et les couvertures. Le teinturier avait la formule de son « rouge » indélébile qui servait à la fabrication des droguets. »50

Cherbourg et ses environs- Urville L’ancienne filature. Crédit photo Manoir Du Tourp

4. Teurthéville-Hague

Pour la dernière étape, nous nous éloignons vers le sud de la Hague pour rejoindre la Divette et Teurthéville-Hague qui a accueilli une filature beaucoup plus importante que les établissements cités jusqu’ici. La Divette a joué un rôle non négligeable dans l’activité textile du nord Cotentin avec plusieurs filatures et plusieurs moulins foulon. Là encore, la filature a pris la place d’un moulin à grains.

Cadastre napoléonien avec la Divette et bien visible, le bief qui traverse la cour du moulin.
Cadastre actuel. On distingue la maison de maître construite à l’ouest et le moulin prolongé en face de la maison.

Le 2 juin 1853, Constant Angot, filateur à Martinvast au Pont Cosnard, acheta à Jean Renet51 deux moulins à huile et à blé nommés le moulin Lemagnen situés sur la Divette et des prés attenants pour la somme de 2 500 francs. Il fit démolir une partie des bâtiments existants et en fit construire deux principaux qui existent encore : une maison de maître et la filature proprement dite.

Le filateur, âgé de 54 ans52, exerçait avec sa seconde épouse53, une de ses filles née de son premier mariage et celle née du second, Marie, ainsi que son gendre, Louis Laffaîteur54. Sans que l’on sache s’il travaillait davantage à Martinvast ou à Teurthéville, il fut sans doute assez occupé et connut des ennuis avec ses ouvrières de Teurthéville. Une grève fut décidée pour un motif assez éloigné de ceux que l’on connaît aujourd’hui mais qui avait tout son sens dans le contexte de l’époque.55

Journal de Cherbourg du 11 février 1855.
La maison de maître. Au premier plan, les planches du pont qui enjambe le bief. Crédit Photo : Pierre Lescallier.
La filature. Crédit photo : Pierre Lescallier.

A cet achat du moulin Lemagnen étaient attachées des rentes anciennes dues à une trentaine de créanciers dont les sieurs Chevrel, avoués à Cherbourg. Constant Angot avait, de plus, fait des travaux importants comme les plans comparés des bâtiments le font apparaître et avait acheté les machines et le matériel nécessaires à l’exploitation.

Deux ans plus tard, en 1855, il acheta aussi une maison en adjudication à Teurthéville56. Assez vite, dès septembre 1855, son créancier principal, Joseph Chevrel et ses fils intentèrent un recours pour dette de trois lettres de change de trois mille francs chacune, non payées et la faillite fut prononcée57. Le prononcé du jugement nous permet d’avoir le détail des installations58.

«1. Un établissement à usage de filature à laine et tous les métiers et machines ci-après désignés, ensemble la chute d’eau de la force de dix chevaux qui en dépend, autrefois moulin Lemagnen comprenant un bâtiment bâti et couvert en pierres, composé au rez-de-chaussée d’une grande pièce éclairée par quatre croisées sur le devant et quatre croisées sur le derrière et deux grandes portes au milieu, une sur le derrière dans laquelle on trouve cinq cardes un loup59. Au premier étage une grande pièce éclairée par cinq croisées sur le devant et quatre sur le derrière contenant deux filatures. Au deuxième étage, un autre appartement divisé par une petite cloison, éclairé par cinq croisées sur devant et deux sur le derrière, dans lequel se trouve une filature, greniers sous comble et cour en dépendant.

2. Une maison construite et couverte en pierres à usage de teinturerie ayant deux croisées et une porte sur le devant et contenant intérieurement quatre chaudières et un moulin à foulon.

3. Une autre petite maison construite et couverte en pierres ayant une porte et une croisée sur le devant dans laquelle une presse hydraulique.»

Suivent les descriptions de la maison et du jardin. En marge ont été ajoutées les notes suivantes :

« Avec un grand hangar en coté pendantes (sic), couvert également en pierres, servant de remise et de magasin ainsi que les cuves à teinture qui s’y trouvent.»

On peut apprécier ici l’ampleur des installations par rapport aux autres établissements puisqu’il y a ici un loup-batteur, cinq cardes, trois mule-jenny ou continus, quatre chaudières, un moulin à foulon, une presse hydraulique et des cuves à teinture. La présence du moulin-foulon indique qu’on y apprêtait les tissus de laine ou de droguet. Les étoffes étaient-elles tissées sur place? Des témoignages oraux retranscrits au XXe siècle semblent le confirmer. Ils indiquaient que le tissage se faisait au deuxième étage. La presse hydraulique servait à imprégner le tissu de vapeur d’eau pour le décatir.

Après la faillite, le syndic Chevrel vendit la filature en adjudication à Frédéric Delaunay60. Né à Dinan, cet entrepreneur de Cherbourg, inventeur d’un système de guideau-cabestan à levier pour les navires61, fut membre du conseil d’arrondissement. De toute évidence l’achat fut pour lui un investissement puisque l’exploitant ne fut autre que Louis Laffaîteur62, le gendre de Constant Angot, gendre malchanceux puisqu’il dut payer les dettes de son beau-père dont il s’était porté garant63. On le retrouvera plus tard exploitant la filature de Sideville. D’autres mécaniciens filateurs lui succédèrent à Teurthéville car il fallut attendre 1878 pour voir l’établissement changer de mains.

Cette fois, un fileur de métier, Bon Martin 64, né à Sideville, devint propriétaire65. Il avait été formé au Vast, certainement chez Constant Angot qui y exploita une filature de laine entre 1858 et 186366 sous le nom de sa troisième épouse, Virginie Tourriau67. Trois ans plus tard, Bon Martin décéda et ce fut son épouse, puis sa fille Emélie Vivier68, qui lui succèdèrent jusqu’en 1898. La filature fut alors vendue à un banquier cherbourgeois Paul Lebuhotel69. Ce dernier était déjà propriétaire de la Paillerie, une belle demeure toute proche et résidait à Teurthéville où naquirent ses enfants. L’activité textile avait certainement pris fin avant la vente, car aucune mention de l’activité ou du matériel ne figure dans l’acte.

En conclusion, il ressort de cet aperçu trois éléments intéressants qui viennent un peu bouleverser les idées reçues.

La Hague au XIXe siècle n’était pas un terroir uniquement tourné vers l’agriculture. Si la laine est bien un produit issu de l’élevage traditionnel, sa mise en valeur a pu prendre un caractère sinon industriel, du moins mécanisé, ce qui suppose de la part des exploitants un esprit d’entreprise affirmé.

Par ailleurs, ces exploitants ou faisant-valoir se connaissaient et par leur métier entretenaient des relations qui devinrent parfois familiales.

Souvent « horsains », ils ont pu apporter en même temps que des savoir-faire, du matériel innovant pour l’équipement de leurs installations.

Enfin, si le coton est venu très vite supplanter la laine tandis que d’autres régions prenaient la tête de l’essor textile, l’élevage ovin a perduré avec succès, avec une race orientée vers la viande, le Roussin. Nous pouvons avoir une petite pensée pour ces artisans filateurs en voyant le camion s’arrêter sur les places de village en septembre pour collecter une laine qui n’intéresse aujourd’hui plus grand monde dans la Hague…


1 La draperie en Normandie du XIIIe au XXe siècle. (Alain BECCHIA , dir.), Université de Rouen, 2004, 541 p.
2 Auguste LE JOLIS, « Notice sur les anciennes fabriques de draps de Cherbourg, Mémoires de la Société Nationale Académique de Cherbourg , t. 7 ,1856, p .156-171; Jeanne-Marie GAUDILLOT, « Les textiles à Valognes de Colbert à la Révolution ». Revue de la Manche n°34, avril 1967, p. 98-117.
3 1796 pour la filature de Gonneville, 1801 pour celle du Vast. ( Annuaire des cinq départements de l’ancienne Normandie. 1842, p. 190-193).
4 Annuaire almanach du commerce. 1855, p.1378-1383.
5 Louis DROUET , Le canton de Saint Pierre-Eglise 1893, réed. Heimdal, Bayeux, 1977. p. 382-384 pour Le Vast, p.334-335 pour Gonneville.
6 Par exemple celle d’Urville-Hague.
7 Jean-Charles-Désiré Paris, sieur des Fontaines (Éculleville, 1778 – id., 1852), maire d’Éculleville de 1819 à sa mort, et Etienne-François-Polycarpe Paris , sieur de la Rivière (Éculleville 1783 – id., 1863).
8 Arch. dép. Manche, 5E/1677, 23 mai 1806, notariat de Carentan.
9 Il est à noter qu’elle est inscrite deux fois : au Val Ferent (sic) et à Éculleville , dans le canton de Beaumont-Hague.
10 Arch. mun. Gréville, matrice d’imposition.
11 Filature de Niaux (Ariège), filature des Calquières (Lozère).
12 L’indigo est produit à partir des feuilles de l’indigotier venant d’Inde ou d’Afrique. A partir du XVIIe siècle, il remplace la guède utilisée jusqu’alors.
13 Arch.mun. Cherbourg 2/F3.
14 Le 5 nov 1837. Ce partage sous seing privé, en date du 5 novembre 1837, est signalé dans l’inventaire après décès de Jean-Charles Paris. (Arch. dép. Manche, notariat de Sainte-Croix-Hague, 5E/18178, 30 août 1852).
15 Jean -Jacques Paris , né à Eculleville le 15 août 1811, mort à Gréville le 22 janvier 1894.
16 Arch. mun. Gréville, matrice d’imposition.
17 André Lemoigne était pour eux un très lointain parent du côté des soeurs Le Moigne.
18 François-Marin Mesnil, né à Saint Germain des Vaux le 8 février 1795, mort à Nacqueville le 12 mai1853.
19 Arch. dép. Manche, notariat de Sainte-Croix-Hague, 5E 18098, 17 mars 1833.
20 LESAGE-RIBLIER Monique, « La filature de la Couldre (1804-1842) et ses avatars (1842-1862) » Revue de la Manche Juillet 1989, pp. 3-50
21 Arch. dép. Manche, notariat de Sainte-Croix-Hague, 5E 18168 26 mai 1842.
22 Francois-Joseph Langevin, né à Saint Germain-des-Vaux le 12 février 1784. Arch. dép. Seine Maritime, Etat Civil Elbeuf.
23 Par exemple dans le Languedoc, voir Rémy CAZALS, Cinq siècles de travail de la laine, Portet-sur-Garonne, 2010, Editions Midi Pyrénées. 236 p.
24 Arch. dép. Manche, Notariat de Sainte-Croix-Hague, 5E 18101, 13 novembre1836.
25 Arch. dép. Manche, notariat de Tourlaville, 5E 20387, 1er avril 1845.
26 François-Edouard Sellier, né à Rouen le 3 août 1795, mort à Cherbourg le 29 janvier 1869. Filateur de coton à Gonneville, député de la Manche de 1844 à 1846. Il fut membre de la chambre de commerce de Cherbourg.
27 Journal de Cherbourg, 5 octobre 1845.
28 Arch. dép. Manche, Tribunal de première instance de Cherbourg, 3U2/532. Audience du 16 avril 1850.
29 L’huile a parfois été remplacée par du saindoux fondu.
30 Un tondeur de moutons, M. Chauvet, assure que les moutons avranchins donnent un e longueur de fibre comparable à celle des mérinos français. Un autre filateur M. Pierre Catusse ( filature de Villecomtal, Aveyron) confirme que l’on peut obtenir des laines satisfaisantes pourvu que les moutons restent en plein air, ce qui n’est plus toujours le cas pour les brebis laitières.
31 Appelée jennymule dans l’acte de vente de Nacqueville.
32 M.F.MALET, Le technologiste ou archives des progrès de l’industrie française et étrangère. Paris, Librairie encyclopédique de Roret,1842. 572 p.
33 Source orale ( filature de Niaux) confirmée par Josep M. BENAUL BERENGUER, « Transferts technologiques de la France ( Normandie, Languedoc et Ardennes) vers l’industrie lainière espagnole (1814-1870) », La draperie en Normandie du XIIIe au XXe siècle (Alain BECCHIA, dir), op. cit., p 264-295.
34 Louis-Charles-François Dubois, né le 4 décembre1797 à Cherbourg, id. le 17septembre 1855.
35 Arch. dép. Manche, notariat de Cherbourg , 5E 19662, 6 juil 1850.
36 Arch. dép. Manche, notariat de Cherbourg, 5E 19702, 29 juin 1855.
37 Arch. dép. Manche, notariat de Cherbourg , 5E/19702, 26 septembre 1855.
38 Charles LABOULAYE, Dictionnaire des arts et Manufactures, Paris, 1845. p. 994.
39 M.J.A BOURGIS, Dictionnaire de méchanique appliqué aux Arts. Paris,Bachelier, 1823, p. 68.
40 Annuaire Almanach du commerce, de l’industrie et de la magistrature, 1864, Paris, p.2051.
41 Source orale : M. André Paris, Urville-Nacqueville.
42 Thomas Duchemin né à Louviers le 7 sept 1805, mort à Urville le 28 août 1860.
43 Arch. dép. Manche, notariat de Saint-Croix-Hague, 5E/ 18180, 22 août 1854.
44 Rosalie Duchemin, née le 28 avril 1845 et Émile, né le 31août 1846, l’un et l’autre à Vire.
45 Ce moulin à huile avait été moulin foulon avant d’être converti. (Arch. dép. Manche 5E/25227, 22 août 1854, notariat de Sainte- Croix-Hague).
46 Joël TRAVERT, Journal municipal d’Urville-Nacqueville, janvier 1997, page 1 et février 1997, page 2.
47 Jules Maubuisson, né à Acquigny le 29 décembre 1837.
48 Etat Civil Urville-Hague, mariage du 25 juillet 1862.
49 François Etienne Le Bourgeois, né le 26 février 1815 mort le 20 janvier1892.
50 « L’Amicale Normande » mars-juin 1949. Témoignage recueilli le 12 février 1948, auprès d’un ancien teinturier de St Pierre-Eglise âgé de 84 ans par B. LEBLOND.
51 Arch. dép. Manche, notariat de Cherbourg 5E/ 19398 , 27 septembre 1855.
52 Constant Angot, né le 16 octobre 1798 à Saint-Lô. Son frère Hippolyte était marchand-fabricant (filature Angot-Levrard à St Lô, deux autres frères Isidore et Théodore étaient teinturiers.
53 Marie-Anne Génas, née vers 1789, décédée le 26 juin 1855.
54 Louis-André Laffaîteur, né le 22 janvier 1826 à Landerneau (Finistère), mort le 24 avril 1876 à Virandeville, marié à Marie-Léa Angot le 18 juin 1852 à Martinvast.
55 La loi Le Chapelier interdisant la grève est encore en vigueur. Il faudra attendre la loi Ollivier du 25 mai 1864 pour qu’elle soit abrogée.
56 Arch. dép. Manche, notariat d’Octeville, 5E/6709, 27 septembre 1855 pour la somme de 520 francs.
57 Arch. dép. Manche, Tribunal de commerce de Cherbourg, faillite Angot 6U 1/79 et 6U/83.
58 On retrouve dans l’exécution du jugement de faillite l’avoué Auvray, acquéreur de la filature de Nacqueville cinq ans auparavant.
59 Loup-batteur ou ventilateur.
60 Frédéric-Marie Delaunay, né Dinan le 12 août 1810, mort le 10 juin 1886 à Cherbourg .
61 Bulletin des Lois de la République Française. t.8, 2e trim. 1851, décret 324, p. 426.
62 Louis- André Laffaîteur , né à Landerneau, mort à Virandeville le 24 avril 1876 âgé de 50 ans. Signalé comme exploitant de la filature de Teurthéville-Hague dans l’Almanach du Commerce et de l’Industrie de 1860.
63 Arch. dép. Manche, inventaire faillite Angot 6U 1/79 et 6U/83.
64 Bon-François Martin, né le 5 décembre 1838 à Sideville, mort le 26 juin 1881 à Teurthéville-Hague.
65 Arch.mun. de Teurthéville-Hague, matrice d’imposition.
66 Annuaire Almanach du commerce, de l’industrie et de la magistrature . Paris, 1860-1863, p.2031.
67 Etat Civil de Cherbourg le 17 novembre 1857, mariage de Constant Angot et Virginie Tourriau. Sa présence est attestée dans l’acte de décès de sa fille Euphrasie-Marie Angot (Arch. mun. Le Vast, 12 octobre 1858).
68 Emélie-Marie-Jeanne Martin, épouse Vivier, née au Vast le 27 juin 1868.
69 Arch. dép. Manche, notariat de Cherbourg, 5E/ 6792 11 septembre 1898.