Se désaltérer à la source : un plaisir et une nécessité.

La terre de Bellanville en Cosqueville fut achetée en 1539 par Roulland Le Parmentier, bourgeois de Cherbourg, à son beau-frère Jean Laguette, trésorier des finances extraordinaires et parties casuelles (sur ce dernier, voir en ligne Messieurs des finances, de Philippe Hamon), qui l’avait lui-même acquise des De Hennot en 1530.

Par mariage d’une Le Parmentier en 1583, Bellanville passa dans la famille Le Sens ; d’où la présence de ces patronymes dans le chartrier de Bellanville, dont Pierre-Yves établit l’inventaire. Parmi ces noms, celui de Jean Le Parmentier, fils de Roulland et Charlotte Laguette, et père de Jeanne, mariée avec Jean Le Sens (l’épouse de Jean Le Parmentier semblant quant à elle inconnue). L’inventaire du chartrier révèle la présence d’au moins deux actes le concernant, et qui font l’objet de ce « post ».

Louis Drouet, dans ses Recherches historiques sur les vingt communes du canton de Saint-Pierre-Eglise, publiées à Cherbourg en 1893, et rééditées en fac-similé par les éditions Heimdal en 1977, écrivait (page 262) : « Les archives de Madame la baronne d’Espinose mentionnent un Jean Le Parmentier, sieur de Cosqueville, qui fut nommé archer dans la garde du Dauphin en 1566 et auquel le gouverneur de Cherbourg donna en 1568 une commission pour aller au Pérou ».

Un acte de l’inventaire du chartrier de Bellanville1, réalisé par Pierre-Yves Jolivet, m’a permis de remonter à la source, en fait une copie de 1631, et de préciser ce qu’a écrit Drouet, en particulier s’agissant de la « garde du Dauphin » . Ce dernier se nomme dans le document : « François de Bourbon, Prince Dauphin, gouverneur et lieutenant général pour le Roy [Charles IX], Mon Seigneur, à son pays et duché d’Orléans, Estampes, Touraine et Le Mans ».

C’était le futur duc de Montpensier, portant du vivant de son père le titre de « Prince Dauphin ». Il épousa la même année 1566 l’héroïne éponyme du roman La princesse de Montpensier que publiera près d’un siècle plus tard Madame de Lafayette (dans lequel son mari n’a d’ailleurs pas le rôle le plus sympathique).

François de Bourbon et Renée d’Anjou

Quant à sa « garde », dans laquelle il aurait nommé archer Jean Le Parmentier, c’était en fait une des compagnies gardant le château de Cherbourg dont il devait être capitaine en titre (« nostre compagnie » écrit-il dans la lettre de nomination qu’il signe à Paris le 18 juillet 1566). Il veut et entend que le récipiendaire soit pourvu de la première place d’archer vacante « à la première monstre qui s’en fera par Messieurs les lieutenant, enseigne, guidon ou maréchal des logis en icelle », lui-même ne comptant évidemment pas être présent.

La copie qui suit du sauf-conduit (plutôt que « commission ») du 24 octobre 1568 signé par « Louis Dursus, sieur de Lestre, capitaine de la ville et chasteau de Cherbourg, pays de Normandie, et gouverneur en icelle ville soubz hault et puissant seigneur Monsieur de Matignon, lieutenant pour le roi aud[it] pays », confirme que « honorable homme Jean Le Parmentier, sieur de Cosqueville, l’un des bourg[e]oys de lad[ite] ville », a « continuellement [sic] porté armes avec nous par cy devant pour la garde de la place ».

Didier Michel
Site internet de l’auteur.

Reférences

  1. Inventaire du chartrier de Bellanville 18/40, par Pierre-Yves Jolivet, clichés 111 à 113.

    Illustrations : détail de l’acte du chartrier de Bellanville cité dans le texte, et
    BNF, dépt. Estampes & photographies, RESERVE FOL-PE-1. Coll. Gaignières,
    18° François de Bourbon, dit le prince dauphin, et Renée d’Anjou.